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sceaux

Exposition

Séguier qui lui a permis de séjourner à Rome quelques

années. Lorsqu’il rentre en France en 1646, il ne tarde

guère à s’imposer et il fait partie des fondateurs de l’Aca-

démie. Ses dessins bisontins ne reflètent guère ses décors

des années 1640-1650 pour les hôtels parisiens, mais une

feuille étonnante, projet pour une tapisserie, témoigne

de ses travaux pour Vaux-le-Vicomte. Dans l’écu central,

l’écureuil, arme des Fouquet, a été repassé par la couleuvre

des Colbert. En effet, à la chute du surintendant en 1661,

LeBrunpasse au service deColbert et du roi. Pour Colbert,

il décore à Sceaux la chapelle du château, détruite, et le

pavillon de l’Aurore, toujours en place. En 1663, Le Brun

est nommé dire eur de la manufa ure des Gobelins,

puis premier peintre du roi en 1664. Pendant vingt ans,

il conçoit les décors des palais royaux, et en particulier

ceux de Versailles : escalier des ambassadeurs, Grande

galerie, Salons de la Guerre et de la Paix. Il donne aussi

des dessins pour les sculptures et les fontaines comme

lemontrent deux des feuilles présentées. L’art estdésor-

mais au service de la glorification du roi, et le « grand

style » se cara érise par sa clarté et sa monumentalité.

Le Brun dirige sur ces grands chantiers des équipes

entières de peintres et d’artisans. Plusieurs de ces artistes

développent unstyle très inspiré de Le Brun et ils auront

aussi une carrière personnelle. Citons notamment Louis

Licherie, François Verdier, ou encore Claude II Audran

dont plusieurs dessins figurent dans l’exposition.

Watteau, une ère nouvelle

Dès 1671, cependant, la querelle du coloris qui agite l’Aca-

démie révèle une réa ion à l’art officiel. Le débat oppose

les partisans du dessin, les poussinistes, et les défenseurs

de la couleur, les rubénistes. Dans les années 1680, après

la mort de Le Brun, la nouvelle génération assure un

renouvellement des arts et le triomphe de la couleur. Les

anciens assistants de Le Brun mêlent sa leçon aux

nouveaux modèles en vogue : les peintres vénitiens du

XVI

e

siècle (Titien et Véronèse), mais aussi Corrège et

Rubens. Charles de La Fosse incarne cette transition vers

un art plus sensuel et plus aimable. Les trois sanguines

de samain présentées dans l’exposition révèlent aussi les

riches effets de lumière qu’il déploie dans ses œuvres. À

la fin de sa vie, La Fosse fréquente Watteau et d’autres

jeunes artistes qui s’engagent dans la voie qu’il a contribué

à ouvrir. C’est le début d’une ère nouvelle que l’on

découvre dans les feuilles deWatteau, artiste qui aima

follement dessiner et dont lesœuvres graphiques furent

très vite recherchées, colle ionnées, et gravées.

La colle ion du musée de Besançon permet aussi de

présenter l’évolutiondes genres du portrait et du paysage

au XVII

e

siècle. Quelques-uns des plus grands portrai-

tistes du XVII

e

siècle sont représentés dans l’exposition :

ClaudeMellan, François deTroy, HyacintheRigaud. Dans

ces dessins, toute la variété de ce genre, tantôt intime,

tantôt officiel, voire grandiloquent, se manifeste. De

même pour le paysage, peut-on découvrir les spécificités

des artistes romains, entre paysage composés et vues de

Rome, les larges vues à la saveur toute nordique d’un

Philippe de Champaigne et d’unVan derMeulen, la folie

d’un Focus ou le charme des Patel.

n

« À travers les quelques quatre-vingt feuilles

présentées à Sceaux, c’est une histoire de l’art

français de 1630 à 1730 environ qui transparaît »

© Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon – Pierre Guenat

© Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon – Pierre Guenat