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Entretien
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dominique Brême
:
domaine de l’art de vivre »
Comment qualifieriez-vous la vocation actuelle de ce domaine
historique qui a connu tant de métamorphoses au cours des
siècles ?
Lemusée de l’Île-de-France –aujourd’hui musée duDomaine
départemental de Sceaux – fut créé en 1937 pour évoquer les
différents aspe s de la vie de l’ancienne province : les villes,
leurs monuments, l’artisanat, les arts et les loisirs, les us et
coutumes, tout fut bon –œuvres, objets, documents ou témoi-
gnages – pour constituer une sorte de conservatoire régional.
Mais l’évolution de la vie aux alentours de Paris en décida
autrement : l’expansion de l’industrie et de l’urbanisme eut
bientôt raison des particularismes locaux. La taille et la confi-
guration du château de Sceaux, qui n’avait pas été conçu pour
être un musée, montra bientôt les limites du projet originel.
Fort heureusement, quelques judicieuses acquisitions rappe-
lèrent, à partir de la fin des années 1980, que le domaine de
Sceaux avait d’abord été un lieude villégiature prisé par quelques
grands : Colbert, lemarquis de Seignelay, le duc et la duchesse
du Maine, le duc de Penthièvre et enfin le duc de Trévise. En
quelque trois siècles, ces illustres personnages – tous collec-
tionneurs et mécènes – firent de Sceaux un lieu d’exception,
marqué par la volonté constante de ses propriétaires d’y
développer un art de vivremêlant harmonieusement nature et
culture. C’estcettemarque séculaire qu’il convient aujourd’hui
de réveiller à Sceaux, car les valeurs qui y sont liées –et le public
ne s’y trompe pas – sont d’une troublante pérennité…
Directeur duDomaine départemental de Sceaux depuis 2009, DominiqueBrême
est historien de l’art, spécialiste de la peinture duXVII
e
siècle. Universitaire, il est à
l’origine de nombreux ouvrages et expositions.
Propos recueillis par Hervé Colombet
© DR