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Appuyée sur un canon, drapée dans son habit de la Garde

Nationale, la Ville de Paris brandit fièrement son étendard

protecteur ; à ses pieds, un jeune garde mobile, en petite forme,

s’apprête à glisser une dernière cartouche dans son fusil (un

Chassepot, très certainement) ; blottie dans les plis de la robe,

une fillette prostrée incarne avec un réalisme saisissant les

souffrances de la population civile.

La première danseuse de La Défense a donné son nom au

quartier. Inaugurée en 1883 pour commémorer la résistance

opposée, treize ans plus tôt, par le peuple de Paris au siège de

l’armée prussienne, la statue de Barrias (qui avait remporté le

concours face à des pointures comme Rodin ou Bartholdi) s’inscrit

dans un contexte historique post-communard – et post Mac

Mahon ! – doublé d’un âge d’or de la statuaire allégorique : c’est

l’époque où Rodin produit ses

Bourgeois de Calais

et où Jules

Dalou installe son

Triomphe de la République

sur la place de la

Nation.

La Défense de Paris

, elle, se dressera sur le rond-point de

Courbevoie, au sommet de la butte Chantecoq, là où s’étaient

rassemblés les gardes nationaux avant d’engager la bataille de

Buzenval en 1871. On l’y retrouve inchangée mais déjà bien

patinée, devant le CNIT, lors de l’inauguration de ce dernier en

1958. Par la suite, elle sera remisée sur une friche sertie entre

le Circulaire et les voies de chemin de fer, le temps que prenne

forme la grande dalle piriforme de « son » nouveau quartier. En

1983, cent ans après son entrée en scène, elle trouvera, juchée

sur un haut cylindre en contrebas des chutes du bassin Agam,

une situation centrale, altière et solitaire, en résonance avec son

hiératisme allégorique davantage qu’avec l’humanité de ses trois

personnages.

Trois décennies supplémentaires d’exposition aux éléments et

d’hospitalité aux volatiles avaient rendu nécessaire une remise

en état digne de son statut originel.

Le parti pris a été celui d’une restauration légère, qui rétablit le

lustre du bronze sans en édulcorer la patine. En outre, il a été

décidé de la déplacer de quelques dizaines de mètres pour la

réinstaller à la surface de l’Esplanade, plus précisément devant

le bassin, au centre d’un quadrilatère promis lui aussi à la refonte,

mais c’est une autre histoire.

Reste à finaliser les travaux d’infrastructure requis par cette

nouvelle emprise, la dalle n’étant pas conçue pour supporter le

poids de cette partie de l’Histoire. Ce sera chose faite cet automne.

La Défense de Paris

Louis-Ernest Barrias, 1553

RELEVÉE D’ORiGiNE

© CD92/Willy Labre