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Inaugurée en 1883 pour
commémorer la résistance
opposée, treize ans plus tôt,
par le peuple de Paris au
siège de l’armée prussienne,
la statue de Barrias,
La
Défense de Paris
, a donné
son nom au quartier. Sa
récente restauration a
rétablit le lustre du bronze
sans en édulcorer la patine.
Elle rejoindra bientôt
l’Esplanade.
Fresques, bassins, sculptures, mosaïques : aujourd’hui soixante-neuf œuvres
constituent le fonds de Paris La Défense Art Collection qui apporte au quartier
d’affaires son supplément d’âme. Après le temps de l’Accumulation, voici venir
celui de la Collection, avec restauration, signalétique et mise en lumière !
Par Franck de Lavarène
Photos parWilly Labre et Maxime Affre
L’ART
CONTRE-ATTAQUE
à
cet ensemble hétérogène et
vibrionnant, il manquait jusqu’alors une ligne éditoriale,
quelque chose qui s’apparente à unemuséographie. C’est
à cette mise en cohérence que s’est attelé Defacto, l’éta-
blissement public, dirigé par Marie-Célie Guillaume,
en charge de la gestion, de la promotion et de l’animation
du quartier d’affaires, en confiant à l’agence Frenak +
Jullien le soin de remettre en valeur les pièces les plus
éprouvées par le temps et de les repenser, non plus
comme autant de perles éparses, mais comme un collier
à part entière.
Le cahier des charges du concours lancé par Defacto
stipulait clairement cette volonté de cohésion. Sur 36
hectares où cohabitent la plus grande densité demètres
carrés bâtis et la plus vaste zone piétonnière urbaine de
France, où se juxtaposent les architectures visibles et
souterraines, l’attrait des sommets et le vertige des puits,
la loi du business et la poésie des formes, l’affaire ne
semblait pas simple. La complexité, les dimensions et la
superposition des strates urbaines qui font la singularité
de La Défense sont le pâton que Catherine Frenak et
Béatrice Jullien ont longuement pétri avant de façonner
leur projet lauréat.
Restauration, implantation, célébration...
In situ
, les opérations ont commencé à l’automne 2015.
Au programme :
– Restauration des œuvres les plus emblématiques, les
plus prestigieuses et/ou les plus éprouvées par le temps.
Les totems du bassin de Takis, à la proue du navire, ont
été les premiers à bénéficier du traitement : le regard
s’enthousiaste à les voir aujourd’hui restitués à leur palette
pétaradante. Ont suivi les deux «gros chantiers » (dépose,
restauration, déplacement), ceux de la statue de Barrias
et du fronton de Caro, puis le
Pouce
de César. Viendront
ensuite le Moretti, les doubles lignes indéterminées
double serpent deVenet, la fontaine desCorolles, l’escalier
de Piotr Kowalski et l’
Araignée
de Calder.
– Implantation d’une signalétique structurante : testée
l’hiver dernier aupiedduMoretti, ladalledemarbreblanc
gravéedenoir renseignenonseulement sur l’œuvreet son
auteur (en français, enanglais et enchinois),mais indique
aussi, sous formede tabled’orientation, la localisationdes
œuvres lesplusproches.Une fois sertiedevantles soixante-
neuf autres pièces de la Collection, elle dessinera, en
pointillé, une sortede jeude l’oie aléatoire, richede toutes
les interactions reliant ses cases entre elles…
LA DÉFENSE