paris
SUR L’ESPLANADE
DES INVALIDES,
L
’Exposition internationale des Arts décoratifs et
industrielsmodernes est inaugurée à Paris le 28 avril
1925, avec 150 pavillons et galeries répartis sur une
superficie de 23 hectares : entre le rond-point des Champs-
Élysées et les Invalides, d’une part ; en bord de Seine de la
Concorde au pont de l’Alma, d’autre part. Pour les organi-
sateurs, le choix du centre de Paris comme cadre de la
premièremanifestationdugenredepuis cellede 1900 s’était
imposé afin d’affirmer la puissance retrouvée de la France,
après les temps de guerre.
L’esplanade des Invalides constitue l’emplacement «d’hon-
neur ». C’est là que rayonne le cœur de cette vitrine de
l’innovation française. Pour un retour en force des arts
appliqués, les créateurs s’y côtoient et rivalisent entre eux
dans des démonstrations de luxe. La dimension commer-
ciale de l’Exposition étant essentielle, les grands magasins
parisiens (Printemps, Galeries Lafayette,Magasins duLouvre,
BonMarché) présentent chacun une production artisanale
exclusive demeubles et d’objets décoratifs, sous la direction
d’artistes renommés. À gauche de l’autochrome, il s’agit du
pavillon«LaMaîtrise»qui abrite les réalisations des ateliers
des Galeries Lafayette, menés par l’ébéniste et décorateur
MauriceDufrène. Par sonvolume octogonal, ses lignes sim-
plifiées, son toit-terrasse, le pavillon rassemble les éléments
d’une esthétique Art déco qui s’affirmera dans l’Exposition
internationale de 1937.
À l’arrière-plan, s’élève l’une des 4 tours situées aux angles
d’unquadrilatère et consacrées aux vins et liqueurs deFrance,
avec des restaurants de gastronomie française (tour de
Bourgogne). Elledomine lepavillonde la chambre syndicale
des diamantaires dont l’architecture-bijou, facettes de fer et
de verre, devient en soirée l’objet d’illuminations théâtrales.
Au centre de l’image, toute lamonumentalité qui se dégage
de l’Exposition s’exprimedans les vases engrès émaillé, sorte
de gigantesques pots à tabac réalisés par Pierre Patout pour
le jardin de la Manufacture nationale de Sèvres.
Après la fête…comme pour affirmer le caractère éphémère
de ces architectures, les opérateurs d’Albert Kahn reviennent
sur l’esplanade des Invalides pour des reportages sur la
démolition des pavillons. L’esplanade ressemble alors à un
spectaculaire champ de ruines –des vues qui font écho aux
critiques exprimées par les urbanistes contemporains. Ceux-
ci regrettent que l’Exposition n’ait laissé que « cendre et
poussière », au lieu d’avoir embelli le centre de Paris.
S
OPHIE
C
OUËTOUX
Musée Albert-Kahn
114
albert-kahn
Chronique de l’œil
L’Exposition des Arts
décoratifs, Paris.
Autochrome d’Auguste
Léon, "% juin "&#$.
© Albert-Kahn, musée et jardin
départementaux, collection des
Archives de la Planète.