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eak

Hauts-de-Seine

bler les hommes ; nous sommes là pour

prendre soin d’elle.

À l’avenir, quelle place pourra être faite à

l’homme et à lanature ?Quelles sont les

tendances ? Retour à la campagne ou au

contraire grande mégapole, végétalisa-

tion des villes ?

Je pense que les deux scénarios se déve-

loppent enparallèle. Si le câblage enfibre

optique arrive dans les villages, on peut

imaginer de travailler à distance. Est-ce

quedemainserendreautravailneserapas

considéré comme une perte de temps ?

Si on connaît une éclosion de petites

entreprises, aura-t-on besoin d’autant de

bureaux ?

On peut aussi se demander pourquoi il y

a des villes ? Depuis l’Antiquité, les pre-

mières villes sont des places de marché.

On les trouve en particulier le long de la

Route de la Soie. À la fin du Moyen Âge

on connaît l’essor des villes portuaires,

puis avec l’industrialisation on passe des

paysans aux ouvriers avec le développe-

ment des mines, de la sidérurgie, des

grandes industries de main-d’œuvre.

Aujourd’hui une grande partie de ces

tâches sont effectuées par des robots, le

personnel est là pour en faire la mainte-

nance.

La fonction qui prime à présent est l’in-

tellect. Elle se concentre dans les univer-

sités, les écoles, les lieux d’expérimenta-

tion, les labos. Les campus et technopoles

alimentent la croissance des grandes

villes de province, comme Rennes, Tou-

louse, Bordeaux, Lyon, Grenoble…

J’ai assisté au développement de la ville

nouvelle de Villeneuve d’Ascq qui s’est

créée d’abord autour du centre universi-

taire puis des pôles de recherche.

La connexion entre centre et périphérie

est capitale. Les projets comme le Grand

ParisouSaclaynécessitentdesmoyensde

transport importants; tant que les trans-

ports n’existent pas, ces grands projets ne

pourront voir le jour. La créativité, la

recherche, la culture sont des éléments

essentiels dudéveloppementdes villes de

demain. Plus que tout, je pense que l’art

jouera aussi un rôle très important au

XXI

e

siècle..

n

Propos recueillis par

CarineDartiguepeyrou

Secrétaire générale

des EntretiensAlbert-Kahn

ressante pour les marchands, est en fait

secondaire pour l’espèce humaine prise

dans son ensemble.

Deux scénarios sont possibles : soit on va

vers des villesmoyennes, où l’interaction

des humains avec la nature est plus forte

etpréservée, soitonmetde lanaturedans

les grandes villes. Le nombre de parcs

urbains a augmentédepuis une vingtaine

d’années. Les toits des immeubles pour-

raient accueillir des cultures, cela pourrait

donner lieu à des

Green Guerillas

pour

réinstaller la nature dans les espaces

urbains. Notre idée de « jardin plané-

taire » part de ce constat. Le jardinier est

étymologiquement le gardien, celui qui

prend soin de la nature. Il faut démocra-

tiser la fonctionde jardinier, il faut qu’elle

devienne une expression artistique. Il y a

une place pour les jardiniers de grande

notoriété comme Gilles Clément ou

Patrick Blanc, mais aussi pour tout le

monde.Lerôledelanatureestderassem-

« La fonction qui prime à présent est

l’intellect. Elle se concentre dans les

universités, les labos. »

Paola vigano

à travers internet, tous les lieux associa-

tifs qui témoignent dedifférents groupes

de population du Grand Paris. C’est la

première stratégie.

Il est clair que relier signifie avant tout

relier par des transports en commun, si

positifs quand on pense à la question

énergétique. Le projet du Grand Paris

Expressn’ayantpas soulevénotreenthou-

siasme, nous avons donc imaginé des

stratégies, en partie en cours de réalisa-

tion, de tramway ou de bus en libre

service, qui permettentungrandmaillage

de lamétropole. Lamobilitépar les trans-

ports en commun doit aussi donner la

possibilité de se déplacer rapidement.

C’est la deuxième stratégie.

Il y a ensuite la question de l’eau. Il s’agit

de remettre les relations biotiques au

centre de la ville mais aussi de s’occuper

du risque des crues. Si l’on doit repenser

certaines protections, c’est l’occasion de

faire d’autres projets. Certes l’ingénierie

hydraulique sera centrale mais nous,

architectes, paysagistes, urbanistes,

sommes surtout intéressés par un projet

d’espace social. Donc nous nous deman-

dons : comment tous ces thèmes peu-

vent-ils entrer dans la construction du

projet de la ville ? La « ville poreuse » est

une tentative de sortir l’urbanisme des

schémas habituels.

Il y également la question de la porosité

liée à la capacité des tissus de s’adapter.

Dans le cadre de la consultation sur le

Grand Paris, vous avez proposé un

diagnostic où vous avez appliqué votre

concept de « ville poreuse »…

Une ville poreuse, c’est une ville dans

laquelle il n’y a pas d’homogénéité de

pensées oudevaleurs. C’estuneville riche

par sesdiversités qui se représententdans

l’espace. Donc ce que j’appelle les « lieux

significatifs » sont les lieux où ces diver-

sités se représentent ou pourraient se

représenter. Même si le Grand Paris est

riche, culturellement, je pense qu’il lui

manque encore quelque chose. Cette

représentation, même symbolique, dans

l’espace, de ladiversitépourraitêtrebeau-

coupplus valorisée.Nous avions recensé,

« Nous avons besoin d’imagination et de radicalité »