

75
partie des États-Unis, ce qui représente
des zones très peuplées, pourraient être
touchées par la baisse des précipitations.
En revanche, d’un point de vue clima-
tique, la Sibérie, leCanada et la Scandina-
vie deviendraient plus habitables qu’elles
ne le sont aujourd’hui. Selon Jean-Pierre
Dupuy, auteur du livre
Pour un catastro-
phisme éclairé
, il faut travailler à l’anticipa-
tion de ces grandes transformations.
Les conflits graves se superposent sou-
vent aux changements climatiques, voire
même découlent des problèmes clima-
tiques. Il y a deux scénarios : l’un qui
consiste à penser que les pays d’accueil
vont repousser ces populations, avec
beaucoup plus demorts que nos guerres
n’en ont créées. Un autre scénario serait
de construire des lieux pouvant accueillir
plus de monde, mais la question finan-
cière se pose alors. Aujourd’hui les ban-
ques créent de la monnaie à partir d’une
créance ; cela suppose un mécanisme
rentable dans un délai aussi court que
possible. Il faudrait pouvoir créer une
monnaiedédiéeà ces
aménagements.Ordu point de vue des négociations avec le
Fondsmonétaire international, onenest
loin !
Un autre défi est celui de la montée du
niveau des mers. Il y a quelques années,
on prévoyait une augmentation de 60
centimètres à l’horizon2100, aujourd’hui
on parle de 7 mètres si c’est la calotte du
Groenlandqui fond. Etsi c’estlePôleSud,
c’est plutôt de l’ordre de 60mètres ! C’est
loin d’être négligeable et la plupart des
villes côtières sont concernées. Les Pays-
Bas ont commencé à faire des maisons
flottantes. Dès 1995, nous avions organisé
un colloque sur les cités marines et les
bâtis sur du flottant. Déjà, l’aéroport du
Kansai dans la baie deKyoto est construit
sur remblais etprojetteunepisteflottante.
Enfin, les irrégularités climatiques consti-
tuent également un défimajeur comme
les tornades. Depuis undemi-siècle, elles
ont frappé en particulier les États-Unis.
Les événements de ce type sont plus
violents que ceux du passé. Par ailleurs,
dans une mesure que l’on ne peut pas
estimer aujourd’hui, la tectonique des
plaques est susceptible d’engendrer des
tremblements de terre ou des tsunamis
comme ceux d’Indonésie ou de Fuku-
shima.Après ces événements, on sait que
les plaques sont en train de bouger, le
Japon étant particulièrement vulnérable
ainsi que la Californie.
Vous parlez de « jardin planétaire »,
qu’entendez-vous par là ?
Les villes sont approvisionnées par des
agricultures et de la pêchequi se trouvent
loin de leurs centres. Cela engendre un
trafic qui consomme énormément
d’énergie. Comment gérer ceproblème ?
Plus de 50%de lapopulationestàprésent
urbanisée et on tend vers 80-90%. Éloi-
gner le lieu de la production de sa nour-
riturepeutconduire àdes tensions consi-
dérables.
Par ailleurs, la nature est dégradée du fait
des engrais et de la chimie, les ressources
aquatiques épuisées par la pêche indus-
trielle, etc. Au sein de notre association
Prospective 2100, nous pensons que l’idée
du « développement durable » est un
oxymore car onmet en premier le déve-
loppement sous-entendu « écono-
mique » et en seconde place « durable »
pour tempérer les objectifs. Le concept
correct, ànotre avis, c’estle« jardinplané-
taire », autrement dit l’homme jardinier
de la nature, par plaisir autant que par
nécessité.
Si l’on veut que les populations prennent
soinde lanature, elles doivent être impli-
quées et exprimer leur amour de la
nature. C’est aussi une thérapie pour les
humains. La question du « développe-
ment » économique, qui est la plus inté-
« Le rôle de la nature est de rassembler
les hommes; nous sommes là pour
prendre soin d’elle. »
La thématique a reçu la
mention spéciale du jury
de l’Ademe, l’Agence de
l’Environnement et de la
Maîtrise de l’Énergie.
Le film documentaire
Arte de Christophe Ribot
Les villes intelligentes
précédant le débat.
p
©CD92 /OlivierRavoire