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hauts-de-seine
Dossier
D’autres vestiges des diverses Expositions universelles parsèment l’actuel territoire
des Hauts-de-Seine. Salons, pavillon, ancienne gare et porte monumentale « années
trente »…
QUAND LES EXPOS
PARTENT EN BALADE
Le parc de Saint-Cloud « accueille » l’un des rares
éléments encore conservé de la première Exposition
parisienne, celle de 1855. Il s’agit du fronton de l’ancien
Palais de l’Industrie (fig. 1).
Vaste bâtiment construit en
bas des Champs-Elysées, il est destiné à rivaliser avec
le Crystal Palace de l’Exposition de Londres en 1851. Placé
au sommet de son fronton, le groupe
La France
couronnant d’or l’Art et l’Industrie
est l’œuvre des sculp-
teurs Elias Robert pour le groupe central, et Georges
Diebolt pour les génies latéraux. Si le Palais de l’Industrie
a été détruit en 1899 pour faire place aux Grand et Petit
Palais, le groupe a donc été conservé.
Dans le parc de Sceaux, lesmascarons (1878) d’Auguste
Rodin (fig. 3).
Il serait en effet l’auteur de ces figures
ornant les fontaines de l’ancien Palais du Trocadéro
inauguré pour l’Exposition. Sans doute démontés en
1890, ils sont réinstallés dans le parc de Sceaux. Sinon,
en marge de l’Exposition de 1900, Rodin organise une
rétrospective de son œuvre, dans un pavillon construit
à cet effet place de l’Alma. Et dès 1901, il fait reconstruire
ce bâtiment à proximité de sa villa des Brillants, à
Meudon, qui devient son atelier-musée, avant d’être
remplacé en 1930 par le bâtiment actuel.
ÀAsnières, ledébarcadèreduChamp-de-Mars créépour
l’Expositionde 1878, etpropriétédeRéseauferrédeFrance.
attend son heure (fig. 4).
Une gare éphémère avait été
construitepour l’Expositionde 1867, et détruitedès l’année
suivante. Pour l’Expositionde 1878, deux gares desservent
le site de l’Exposition, situées auTrocadéro et au Champ-
de-Mars. Cette dernière, avenue de Suffren, inaugurée le
1
er
avril 1878, appelée«débarcadèreduChamp-de-Mars »,
estdue à l’architecte Jules Lisch. Elle s’inscrit parfaitement
dans le paysage des Expositions universelles grâce à sa
structure métallique, sa verrière et sa polychromie. Des
millions de visiteurs fréquentent la gare à l’occasion des
Expositions de 1878 et 1889. LaCompagniede l’Ouest, qui
exploite la ligne de chemin de fer, obtient son prolongement
jusqu’aux Invalides. À partir de 1894, le débarcadère n’est plus
desservi, et estdémonté en 1897. Il estremontédans l’impasse
des Carbonnets, à la limite d’Asnières et Bois-Colombes, où il
servira essentiellement d’atelier, hormis la période de 1924 à
1936, où il estréaffectécommegareducheminde fer électrique
au départ de Saint-Lazare.
Plusieurs projets de rénovation et d’affectation sont en cours.
À Boulogne-Billancourt, un chalet suisse datant de 1878
(fig. 2).
Remonté au sein d’un jardin alpin à proximité
immédiate du bois ce chalet en pin, mélèze et cèdre, inspiré
de l’architecture typique du canton des Grisons, a été édifié
pour l’Exposition de 1878. Si le jardin a disparu, le chalet existe
toujours, rue d’Alsace-Lorraine.
À Levallois-Perret, le « salonmauresque » de 1889 abritera
des soirées très prisées du Tout-Paris (fig. 6).
Qualifié de
luxueux par les contemporains, le pavillon espagnol situé
quai d’Orsay présente des vins et autres spécialités gastro-
nomiques. Les salons de ce bâtiment seront rachetés par
Pedro Gailhard, directeur du Palais Garnier, qui les fera
remonter dans sa maison de la villa Chaptal, à Levallois-
Perret.
À Saint-Cloud le pavillon russe serait issu de l’Exposition
de 1889 (fig. 5).
L’usage du conditionnel estde rigueur pour
ce bâtiment, situé actuellement rue des Écoles, car la
documentation fait cruellement défaut à son sujet.
ÀVille-d’Avray, le pavillon desmissions évangéliques norvé-
giennes de 1889
. Cette petite construction, placée pendant
l’exposition sur le Champ-de-Mars, a été offerte à la commu-
nauté protestante deVille-d’Avray. Située avenue de Balzac,
« la chapelle des Ombrages » a été inaugurée le 21 juin 1890,
et agrandie en 1950.
Julien Le Magueresse