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Le seul portrait dans lequel
Chateaubriand se reconnaissait
Présenté au Salon de 1810, ce fut le seul des portraits
exposés par Girodet qui fut désigné par une circonlo-
cution :
« Portrait d’un homme méditant sur les ruines de
Rome »
. Les intitulés des autres mentionnaient l’initiale
du nomdu sujet, comme ce
« Portrait deMad. la comtesse
de P. … »
qui, des œuvres de Girodet de cette catégorie,
fut la plus appréciée par les critiques. Napoléon, visitant
le Salon, aurait déclaré que Chateaubriand avait
« l’air
d’un conspirateur qui descend par la cheminée »
. C’est
l’entourage de Bertin, et notamment François Guizot ou
le critique Jean-Baptiste Boutard, et pour ce dernier le
9 janvier 1811, soit quelques semaines seulement avant
la confiscation par décret impérial du
Journal de l’Empire
,
qui rendirent au tableau pleine justice (
« l’artiste, fidèle à
la loi de Thèbes, qui commandait d’embellir en imitant, a
réuni le sentiment du grandiose au sentiment de la nature »
,
jugea Guizot) ou en annoncèrent de façon prémonitoire
le retentissement à venir :
« Un jour, quand les murmures
et les brigues de l’envie contemporaine auront cessé ; que l’équi-
table avenir se sera soulevé en faveur des merveilles de notre
siècle, que de tant de livres et tant de tableaux qu’on présente
pêle-mêle à notre admiration, il ne restera que les chefs-
d’œuvre, ce sera un précieux et beaumonument que le portrait
de l’auteur du
Génie du Christianisme
et des
Martyrs,
par
le peintre d’
Une scène de Déluge
et du tableau d’
Atala
»
(Boutard). La postérité a confirmé ces jugements, et assez
rapidement, à en juger par sa diffusionpar l’estampe ainsi
que par les copies qui en furent faites, dont celle que
commença François-Louis Dejuinne et qu’acheva le
Maître en 1811, aujourd’hui conservée aumusée national
des châteaux deVersailles et deTrianon (l’original, confor-
mément à la volonté deChateaubriand, se trouve à Saint-
Malo, aujourd’hui dans les collections du musée
d’Histoire de la ville).
Le magnifique
modello
acquis par le Département des
Hauts-de-Seine pour la Maison de Chateaubriand était
demeuré jusqu’ici inédit. Cette œuvre, qui n’est pas une
esquisse mais bien le tableau intégral dans une version
plus petite – et plus intime, si l’on peut dire – que la toile
de Saint-Malo, constitue désormais, avec laméridienne
sur laquelle posa Juliette Récamier dans l’atelier deDavid,
les autographes et les éditions rares conservés à la biblio-
thèque, une des pièces majeures des collections de la
Maison de Chateaubriand.
n
Maison de Chateaubriand. Tél. : 01.55.52.13.00.
Maison-de-chateaubriand.hauts-de-seine.fr« Mon cher maître, j’ai été bien longtemps à prendre
chez vous mon seul titre à l’immortalité. Enfin j’ai le
bonheur de pouvoir vous le demander aujourd’hui.
Mme de Marigny, ma sœur, qui vous remettra ce billet,
vous remettra aussi le prix convenu avec notre ami
Bertin. Il est bien au-dessous de votre ouvrage que
je garderai comme un présent et non comme une chose
payée à sa juste valeur.
Mille compliments affectueux.
De Ch. »
Lettre de Chateaubriand à Girodet, 26 septembre 1812.
Il semble bien (sauf si Bertin a de son côté contribué à
l’achat du tableau) que Girodet ait consenti à
Chateaubriand un prix d’ami en ne lui demandant
que 1 500 francs, la moitié du montant habituel pour
un portrait en pied.
« J’aime, Je suis mécène »
Pour la première fois, le Département lance un appel aux
dons destiné au grand public, afin qu’il s’approprie cette
œuvre désormais accessible à tous. La souscription est
ouverte jusqu’au ;9 janvier :89=.
En contrepartie, un certain nombre d’avantages sont
proposés en fonction du niveau de contribution, comme
des dîners, des entrées gratuites, des objets collector…
À partir de 98 euros de don, les mécènes recevront un
reçu fiscal donnant droit
à une réduction de l’impôt
sur le revenu à hauteur
de ==%.
Retrouvez toutes les
modalités de l’opération
ainsi que les informations
sur l’œuvre…
• au 89 <9 ;> 9; 8=
• sur le site :
jaimechateaubriand.fr• sur facebook :
jaimejesuismecene
« Ce magnifique modello était
demeuré jusqu’ici inédit : c’est
une version plus intime de la toile
de Saint-Malo. »