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Bougival, foyer artistique donc, mais décor changeant, à

l’image de l’Île-de-France, qui s’industrialise à la vitesse

des chemins de fer.

Coteaux lointains

Proximité des marchands de couleurs parisiens, coût

modique des transports en train par rapport au coûteux

voyage en Italie, formationde colonies artistiques accueil-

lantes : de nombreuses raisons expliquent le goût des

peintres pour les environs de Paris, qu’ils y passent ponc-

tuellement ou qu’ils s’y installent. Que dire, cependant,

du charme propre aux sites d’Île-de-France, de ce qui les

singularise, c’est-à-dire du « génie des lieux » ? La beauté

des environs de Paris fait en effet l’objet d’avis très

contrastés au XIX

e

siècle. Stendhal écrit à propos de son

arrivée à Paris, le 10novembre 1799 :

« Les environs de Paris

m’avaient semblé horriblement laids, il n’y avait point de

montagnes ! Ce dégoût augmenta rapidement les jours

suivants

».

Gérard de Nerval décrit quant à lui avec enthousiasme

son voyage en train de Paris à Saint-Germain :

« Quel

voyage charmant ! Asnières, Chatou, Nanterre et Le Pecq. La

Seine trois fois repliée, des points de vue d’îles vertes, de plaines,

de bois, de chalets et de villas ; à droite, les coteaux de

Colombes, d’Argenteuil et de Carrières, à gauche, le mont

Valérien, Bougival, Luciennes

[Louveciennes]

etMarly ; puis

la plus belle perspec-tive du monde : la terrasse et les vieilles

galeries du château deHenri IV, couronnées par le profil sévère

du château de François I

er

»

. Nerval ne se trompe pas

lorsqu’il célèbre en 1833 aussi élogieusement ce point de

vue sur la Seine

« trois fois repliée »

: Joseph Mallord

WilliamTurner, Huet, ConstantTroyon ou encore Sisley

ont choisi ce panorama comme sujet de leurs œuvres.

Les coteaux doucement vallonnés, l’absence de reliefs

montagneux, une perspec-tive vaste, où la vue s’avance

sans heurt, sont emblématiques d’un certain paysage

francilien, le paysage de la douceur de vivre, qui cohabite

« L’exposition dresse la carte des lieux emblé-

matiques de la peinture : Barbizon, Auvers-sur-

Oise ou encore les bords de Marne et de Seine... »

La Seine à Nanterre.

Pierre-Emmanuel Damoye

2

e

moitié du 19

e

siècle.

Huile sur bois, 30x60 cm.

Musée du Domaine

départemental de Sceaux

© Musée du Domaine départemental de Sceaux