suresnes
Dossier
Le CLos
des
martyrs
1940-44
Décidé à la
Libération mais
inauguré en 1960
par le général de
Gaulle entre les
deux bastions sud
du fort,
leMémorial de la
France
Combattante
abrite dans sa
crypte les corps de
16 morts pour la
France.
C’est dans la
chapelle
désaffectée
à côté du
château de
Forbin-Janson
que beaucoup de
condamnés à mort
ont passé leurs
dernières heures
avant d’être
exécutés dans
ce qu’on appelle
depuis
la clairière des
Fusillés.
1
2
3
1
2
3
4
4
Après le coup d’État du 2 décembre 1851, 53 députés
prisonniers avaient été envoyés auMontValérien.Victor
Hugo raconte que lorsqu’on leur demanda leurs noms
(pour pouvoir mettre de côté les irréductibles), ils refu-
sèrent de les donner et que l’und’eux s’écria :
« Nous avons
tous le même nom : Représentants du Peuple »
. Neuf
décennies plus tard, un peu plus d’un millier de repré-
sentants du peuple résistant vont être exécutés ici par
l’occupant nazi.
La longue série commence par un « Avis » de couleur
jaune placardée dans les rues de Paris le 29 août 1941 :
« 1. Le lieutenant de vaisseau Henri Louis Honoré Comte
d’Estiennes d’Orves, Français, né le 5 juin 1901 à Verrières,
2. l’agent commercialMaurice Charles Émile Barlier, Français,
né le 9 septembre 1905 à St-Dié, 3. le commerçant Jan Louis-
Guilleaume Doornik, Hollandais, né le 26 juin 1905 à Paris,
ont été condamnés à mort à cause d’espionnage. Ils ont été
fusillés aujourd’hui. »
Les trois hommes avaient monté
l’un des premiers réseaux de résistance en France.
Parmi les centaines qui suivront, le député communiste
Gabriel Péri, fusillé le 15 décembre 1941 avec 91 autres
otages, qui écrit juste avant :
« Je vais préparer tout à l’heure
des lendemains qui chantent »
.
Le professeur d’allemand JacquesDecour qui, après avoir
noté le 30 mai 1942, dans sa lettre d’adieu à ses parents :
«Voyez-vous, j’aurais très bien pumourir à la guerre, ou bien
même dans le bombardement de cette nuit.Aussi, je ne regrette
pas d’avoir donné un sens à cette fin »
, finit par :
« Il est 8
heures, il va être temps de partir. J’ai mangé, fumé, bu mon
café, je ne vois plus d’affaires à régler. »
Le 27 juillet 1942, c’est le tour du philosophe Valentin
Feldman, arrêté depuis février pour sabotage. Il a le temps
de crier aux soldats allemands qui vont le fusiller :
« Imbéciles, c’est pour vous que je meurs ! »
56