Vallée de la Culture n°10 - page 17

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c
inq mois après le début du conflit,
Jean Brunhes est libéré de ses obligations militaires
pour affe ion cardiaque. Le dire eur scientifique des
Archives de la Planète obtient du Grand Quartier Géné-
ral une autorisation de circuler et de photographier dans
la zone du front. De décembre 1914 au printemps 1915,
il parcourt ainsi la région de Senlis, de la Marne et la
Meurthe-et-Moselle en compagnie des opérateurs
Auguste Léon et Georges Chevalier, qui y réalisent cinq
cents autochromes.
Ces images sont aussitôt exploitées sous forme de pro-
je ions lumineuses par le géographe, dans le cadre de
ses a ivités professorales mais aussi pour le compte du
ministère des Affaires étrangères, qui coordonne les
a ions de propagande dans les pays neutres. Jean
Brunhes contribue à l’effort national en la matière en
donnant des conférences en Suisse en 1916 et enEspagne
en 1917, dont le contenu consiste principalement à dé-
noncer les dévastations commises par l’ennemi pour
émouvoir l’opinion chez les alliés potentiels.
Des campagnes financées
par Albert Kahn
Dans lemême temps, une collaboration semet en place
entre Albert Kahn et la Se ion Photographique et Ciné-
matographique de l’Armée (SPCA). Aucun document n’a
encore été mis au jour qui nous renseigne précisément
sur ses modalités, mais les recherches en archives ont
produit un faisceau d’éléments qui permet d’établir que
le banquier a intégralement financé des campagnes de
prises de vues organisées par l’armée. La totalité des
images produites entrait dans les colle ions desArchives
de la planète et une séle ion était réalisée en plusieurs
exemplaires, de manière à pouvoir servir les besoins de
l’armée.
Les autochromistes Paul Castelnau et Fernand Cuville
couvrent ainsi, de janvier à o obre 1917, une vaste zone
du front, produisant 1 800 prises de vues dont 67 % sont
aujourd’hui conservées en double à l’Établissement de
Communication et de Produ ion Audiovisuelle de la
Défense (ECPAD) et à la Médiathèque de l’Archite ure
et du Patrimoine, deux services patrimoniaux de l’État
héritiers de la SPCA.
Albert Kahn finance également des tournages cinéma-
tographiques, dans des conditions mieux documentées
par les archives : Alsacien d’origine, il s’implique a i-
vement auprès du Bureau d’Études d’Alsace-Lorraine
(BEAL), service de propagande dédié à la produ ion de
films largement diffusés dans les deux provinces recon-
quises en vue de leur « refrancisation ».
«Tout disposé à nous apporter son entier concours, il tient à
notre disposition son laboratoire (…) et les opérateurs dont
ils se sert habituellement et qu’il paye »
, signale le président
de l’organisme dans une note aujourd’hui conservée aux
« La guerre n’interrompt pas
le processus d’élaboration des
Archives de la planète commencé
par Albert Kahn en 1909 mais elle
l’influence. »
© Musée Albert-Kahn - Département des Hauts-de-Seine
Tranchée de première
ligne au Hamel.
Autochrome de
Stéphane Passet,
9 août 1915
1...,7,8,9,10,11,12,13,14,15,16 18,19,20,21,22,23,24,25,26,27,...124
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