Vallée de la Culture n°10 - page 20

hauts-de-seine
Dossier
jean-pierre
« quatremillions de lettres
sortaient Chaque jour des
tranChées ! »
GuéNo
Jean-Pierre Guéno est l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages
et en particulier de la série « Paroles de » inaugurée avec
Paroles de poilus
. Ce « passeur de mémoire » nous livre
notamment dans cet entretien une des plus belles lettres
écrites par un poilu originaire de Gennevilliers.
Vous avez publié
Paroles de poilus
en 1998. Depuis seize
ans l’ouvrage a été prescrit dans les programmes
scolaires et a ému plus de trois millions de lecteurs.
Comment expliquez vous ce succès ?
La Grande guerre a été précédée par la révolution de
l’école pour tous de laTroisièmeRépublique. Nos ancêtres
ont appris à lire et à écrire, et pour la première fois dans
leur histoire, dans les quatre millions de lettres qui
sortaient chaque jour des tranchées, dans leurs carnets
de tranchées, ils ont été capables de raconter euxmêmes
leur histoire... La guerre qu’ils nous racontent, vue à
hauteur d’homme, n’a pas grand chose à voir avec celle
dont nous avons fait l’apprentissage sur les bancs de
l’école, réécrite, instrumentalisée par la propagande et
par la postérité ; les milliers de collégiens qui étudient
la Grande Guerre en troisième, leurs parents, ont décou-
vert que les poilus de 14/18 avait pour beaucoup d’entre
eux entre 18 et 23 ans, l’âge des garçons qui viennent
attendre les filles à la sortie des collèges et des lycées. Ces
lettres de poilus parlent à leur cœur avant de s’adresser à
leur cerveau. L’émotion estun étonnant fa eur de trans-
mission.
Le département des Hauts-de Seine a été créé en 1964,
soit 50 ans après le déclenchement de la guerre. Quelle
est, selon vous, la plus belle lettre écrite par un poilu
originaire des futurs Hauts-de-Seine ?
Coup de zoomsur Gennevilliers : La ville compte 14 000
habitants en 1914. Elle a été sinistrée par les inondations
de 1910. 2 800 hommes vont être mobilisés pendant les
1 570 jours de laGrandeGuerre. Un sur trois ne reviendra
pas dans ses foyers.
De nombreux peintres impressionnistes sont venus en
peindre les paysages avant que les usines n’y prolifèrent
au début duXX
e
siècle : Cézanne,Monet, BertheMorisot,
Renoir, Sisley, Van Gogh et surtout Manet et Caillebotte
qui y ont habité.
Cent ans après l’explosion de la Grande Guerre, il y a
841 noms sur le monument aux morts de la ville situé
dans le cimetière communal. Le nom de Gaston Biron
est en 95
e
position.
L’une de ses lettres écrite en 1916, en pleine bataille de
Verdun, estsans doute l’une des plus belles lettres reçues
parmi les dix mille colle ées dans le cadre de
Paroles
de poilus
. Gaston Aimé Marius Biron a 29 ans en 1914.
© DR
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