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conditionné par une démarche intelle uelle et des choix
techniques. Le projet des Archives de la Planète est
traversé par l’utopie d'une représentation totale du réel,
saisi dans ses différents aspe s (couleur, mouvement).
Une douzaine d’opérateurs sont alors envoyés sur le
terrain afin de consigner les différentes réalités cultu-
relles. La question des conditions matérielles des mis-
sions, desméthodologies de prise de vue, des contraintes
techniques et de leur impa sur le contenu des images
sera abordée ici. Une analyse autour des questions de
diffusion, à travers l’écart entre ce qui est produit et ce
qui estmontré, sera développée.
3. Mettre le monde en boîtes
La salle dite « des plaques » constitue la partie la plus
spe aculaire de l’ancienne conservation, bâtiment appelé
du temps d’Albert Kahn « Laboratoire ». Cet espace
permet d’éprouver physiquement la réalité de l’entre-
prise d’archivage du monde et sera consacrée à la
questionde « l'inventaire » et desmodes de consignation
du réel, notamment grâce à la programmation de cartes
blanches données à des artistes.
4. Projection/déambulation,
une expérience sensible
Émanation de l’esprit du temps, celui des grands inven-
taires ayant pour ambition d’embrasser tout l’univers, les
colle ions de jardins et d’images se répondent et
s’éclairent mutuellement. À la recherche d’obje ivité
grâce à l’image, répond une tentative de synthèse poé-
tique grâce au végétal. Kahn met le monde à portée de
main lors d’une immersionde quelques heures dans son
domaine boulonnais. Par des promenades dans son
somptueux jardin à thèmes entrecoupées de proje ions
spe aculaires, il conditionne l’élite à une réflexion autour
de la richesse produite par la coexistence de la diversité.
5. Un jardin de son temps ?
Les ailes latérales de la serre permettront de réinscrire ce
jardin dans l’histoire de l’art des jardins, afin de dégager
sa conformité à l’esprit du temps et sa profonde origi-
nalité. Elles distribueront, de part et d’autre, le jardin
d’hiver, élément patrimonial exceptionnel intégré de
façon très articulée au reste du parcours. Les terrasses, à
nouveau accessibles, permettront d’offrir un point de vue
sur la totalité du site, afindemieux en comprendre l’orga-
nisation.
La Grange Vosgienne constituera un espace d'interpré-
tation sur les questions de patrimoine végétal. L’art des
jardiniers et les techniques horticoles à l’époque de Kahn
seront mis en perspe ive à travers les techniques de
gestiond'un jardinhistorique aujourd’hui. L’exceptionnel
fonds d’autochromes consacré au seul jardin (plus de
4 000), qui a permis de le restaurer dans l’esprit d’origine,
sera également questionné.
« Donner au public des clés de lecture
d’une œuvre encyclopédique »
Les
engawa
, écrans
semi-transparents,
rythmeront les espaces
de transition entre le
bâtiment et le jardin
voulus par l’architecte
Kengo Kuma.
© Kengo Kuma & Associates
À SAVOIR
EN DATES
1893 : installation d'Albert-Kahn à Boulogne
; puis de
1895 à 1920, acquisition des parcelles pour constituer
le jardin.
1909-1931 : aventure des Archives de la Planète.
1936 :
vente aux enchères et achat par le
Département de la Seine de la propriété.
1940 : décès d’Albert Kahn.
1968 : le Département des Hauts-de-Seine devient
propriétaire des collections.
1988-1989 : création de la galerie d'exposition et du
nouveau jardin japonais.
1999 : tempête dévastatrice pour la forêt vosgienne
,
restaurée de 2000 à 2002.
2013 : projet de restructuration du musée
. Kengo
Kuma en est l’architecte.
2014 :
Albert-Kahn, musée et jardin départementaux,
demeure le site payant le plus visité des Hauts-de-
Seine, avec plus de cent mille entrées.