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paris

LE GRAND CINÉMA PLAISIR,

E

n 1918, l’un des opérateurs d’Albert Kahn mène une

campagne autochrome à Paris sur les films à l’affiche.

Du reportage sur la programmation de l’époque au

souvenir des salles de cinéma, c’est l’histoire de l’industrie

cinématographique qui s’exprime aujourd’hui dans ces au-

tochromes. Les façades des cinémas sont alors soignées

comme des petits palais pour attirer le passant et le faire

rêver. Ces architectures parfois hétéroclites disparaissent du

paysage parisien lorsque les grands complexes entraînent

la fermeture des salles de quartier, pour la plupart détruites

à la fin des années 1960.

À la date de la photographie, le distributeur Louis Aubert a

racheté les deux commerces du 95-95bis rue de la Roquette

depuis le printemps 1914 (le marchand de chaussures et le

modesteCinéma Plaisir installé en 1910). Déjà exploitant du

CinémaVoltaire, rue de Charonne, l’homme d’affaires am-

bitionne d’ouvrir une salle de 2 000 places. Mais son projet

est ajourné par le conflit mondial, au même titre que

d’autres chantiers de cinématographes. L’enseigne Grand

Cinéma Plaisir ajoutée sur la façade, ainsi que l’affichage

empiétant sur la boutique de chaussures, témoignent de

cette période.

Le public est invité à suivre les aventures de Zigomar, per-

sonnage de bandit créé par le romancier Léon Sazie. Cet

ancêtre du Fantômas de Louis Feuillade a d’abord fait son

apparitiondans des feuilletons publiés dans le quotidien

Le

Matin

, en 1909-1910. Le succès dans la presse est suivi du

succès à l’écran, avec l’adaptationdeVictorin Jasset. LeGrand

Cinéma Plaisir propose le premier filmde la série :

Zigomar

(sorti le 14 septembre 1911) ; et annonce la programmation

du troisième :

Zigomar contre Nick Carter

(sorti le 22 mars

1912). Selon le principede la série, le public retrouve lemême

héros dans des histoires autonomes. Zigomar peut mourir

vaincu par le détective Nick Carter, il ressuscite sans pro-

blème dans

Zigomar, peau d’anguille !

Le sixième épisode du

Baronmystère

estégalement à l’affiche (

L’Escrimeur masqué,

sorti le 29mars 1918), série enhuit épisodes d’après un roman

d’Henri Germain (1855-1918), réalisée par Maurice Challiot

et distribuée par Louis Aubert.

En 1919, Aubert détruit l’ancienne boutique de chaussures

et le petit cinéma audécor de guirlandes, afinde construire

le palais qu’il avait prévu avant la guerre : leVoltaire Aubert

Palace. Cette dernière salle est démolie en 1969 et rempla-

cée par un immeuble de logements.

S

OPHIE

C

OUËTOUX

Musée Albert-Kahn

110

albert-kahn

Chronique de l’œil

Le Grand Cinéma Plaisir,

rue de la Roquette,

Paris, $$

e

arr.

Autochrome d’Auguste

Léon, $% mai $'$&.

© Albert-Kahn, musée et jardin

départementaux, collection des

Archives de la Planète.