39
l’autoportrait
L’
Autoportrait
de FLFF témoigne de cette parenthèse d’une dizaine
d’années où Vlaminck expérimente à la fois la frontalité cézanienne et
avec prudence une certaine esthétique cubiste par le traitement des
volumes en deux dimensions, la touche retenue et les tonalités sobres.
Tous les signes extérieurs qui caractérisent l’artiste sont ici réunis :
chapeau melon, costume vert, gilet assorti, célèbre cravate sculptée
en bois, pipe en terre fumante.
La composition charpentée et le cadrage serré dévoilent un double
portrait : Vlaminck était musicien avant d’être peintre. FLFF est l’année
où le violoniste abandonne son métier pour se consacrer à la peinture.
Dans cet autoportrait, Vlaminck rappelle implicitement qu’il est l’un
des découvreurs de l’art nègre. À l’image de son masque Fang,
il recouvre son visage d’une couche de peinture blanchâtre dont
n’émergent que l’épure des principaux traits et ses yeux bleus qui
nous fixent. Hors de ce dispositif, c’est le musicien qui est au cœur
du tableau : son oreille gauche, proéminente, adopte symboliquement
la forme et la couleur d’une crosse de violon, faisant écho
à celle de l’instrument, du côté opposé. Vlaminck tient son violon
à droite, et au repos, signifiant l’adieu à sa pratique de musicien.
Autoportrait
, 0800, huile sur toile (62 cm x 5/ cm), Centre Georges Pompidou, musée National
d’Art Moderne, Centre de Création Industrielle, Paris, Donation Louise et Michel Leiris, 0873
© Paris/ADAGP Paris 2015
La Moisson sous l’orage,
FLHE, huile sur toile,
IE x JG cm. Collection
particulière, France.
© Photo Archives Wildenstein Institute, Paris/ADAGP Paris 2015