P.
23
L’abeille
Comment êtes-vous devenu
sprinter ?
Clavel :
Pour me muscler, les kinés
m’ont conseillé de faire du sport. J’ai
essayé le foot, le basket et enfin le
sprint. J’ai éprouvé une telle
sensation de vitesse ! Au début,
c’était juste un loisir. Puis, j’ai
assisté, en tant que spectateur, aux
Jeux paralympiques de Sydney en
2000. J’ai alors voulu m’entraîner
davantage. L’éducateur sportif qui
me suivait (au sein de l’établissement
régional d’enseignement adapté
Toulouse-Lautrec de Vaucresson) m’a
proposé de m’inscrire à des
championnats d’athlétisme. Je n’ai
pas hésité.
L’abeille
Comment avez-vous réussi à
surmonter votre handicap ?
Clavel :
Je travaille en tant
qu’éducateur sportif auprès d’enfants
pour la Ville de La Garenne-
Colombes. Eux ne me regardent pas
comme un handicapé. Je pars du
principe qu’on a tous des difficultés à
surmonter. Chez certains, cela se voit,
chez d’autres, pas. Je connais même
des personnes valides qui sont
encore plus handicapées que les
personnes handicapées elles-mêmes !
L’abeille
Tout ne serait qu’une question
de mental ?
Clavel :
Exactement. Je suis
considéré comme quelqu’un de sage
dans l’équipe de France. Une personne
au tempérament calme. J’accepte ce
qu’il faut accepter, sinon c’est une
perte d’énergie. Et je lutte contre ce
qu’il faut combattre, comme les
injustices.
L’abeille
Dans quel état d’esprit allez-
vous aux Jeux de Rio ?
Clavel :
Parce que je porte le
maillot de mon club (RCF Issy Avia
d’Issy-les- Moulineaux) et que je
représente la France, je me dois de
faire un podium. Et quitte à gagner le
100 mètres, autant que ce soit une
médaille d’or.
L’abeille
Quelle est votre devise ?
Clavel :
Prendre du plaisir !
Lorsqu’on se fixe des objectifs, il faut
les atteindre en se faisant plaisir. Ne
jamais abandonner son rêve ni sa joie
de vivre. Et, même si l’on vit le pire,
rester tolérant vis-à-vis des autres.
Clavel Kayitaré
Clavel Kayitaré
a 8 ans lorsqu’une
grenade lui éclate le
genou dans son pays alors
en guerre, le Rwanda. Orphelin,
il est envoyé en France grâce à
Médecins du Monde pour subir
une vingtaine d’opérations.
Aujourd’hui, à 30 ans, le
sprinter s’apprête à participer
à ses quatrièmes Jeux
paralympiques.
N° 29
MAI 2016
à la poursuite du bonheur
RENCONTRE AVEC DES CHAMPIONS
© Luc Percival