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P. 

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L’abeille

Comment êtes-vous devenu

sprinter ?

Clavel :

Pour me muscler, les kinés

m’ont conseillé de faire du sport. J’ai

essayé le foot, le basket et enfin le

sprint. J’ai éprouvé une telle

sensation de vitesse ! Au début,

c’était juste un loisir. Puis, j’ai

assisté, en tant que spectateur, aux

Jeux paralympiques de Sydney en

2000. J’ai alors voulu m’entraîner

davantage. L’éducateur sportif qui

me suivait (au sein de l’établissement

régional d’enseignement adapté

Toulouse-Lautrec de Vaucresson) m’a

proposé de m’inscrire à des

championnats d’athlétisme. Je n’ai

pas hésité.

L’abeille

Comment avez-vous réussi à

surmonter votre handicap ?

Clavel :

Je travaille en tant

qu’éducateur sportif auprès d’enfants

pour la Ville de La Garenne-

Colombes. Eux ne me regardent pas

comme un handicapé. Je pars du

principe qu’on a tous des difficultés à

surmonter. Chez certains, cela se voit,

chez d’autres, pas. Je connais même

des personnes valides qui sont

encore plus handicapées que les

personnes handicapées elles-mêmes !

L’abeille

Tout ne serait qu’une question

de mental ?

Clavel :

Exactement. Je suis

considéré comme quelqu’un de sage

dans l’équipe de France. Une personne

au tempérament calme. J’accepte ce

qu’il faut accepter, sinon c’est une

perte d’énergie. Et je lutte contre ce

qu’il faut combattre, comme les

injustices.

L’abeille

Dans quel état d’esprit allez-

vous aux Jeux de Rio ?

Clavel :

Parce que je porte le

maillot de mon club (RCF Issy Avia

d’Issy-les- Moulineaux) et que je

représente la France, je me dois de

faire un podium. Et quitte à gagner le

100 mètres, autant que ce soit une

médaille d’or.

L’abeille

Quelle est votre devise ?

Clavel :

Prendre du plaisir !

Lorsqu’on se fixe des objectifs, il faut

les atteindre en se faisant plaisir. Ne

jamais abandonner son rêve ni sa joie

de vivre. Et, même si l’on vit le pire,

rester tolérant vis-à-vis des autres.

Clavel Kayitaré

Clavel Kayitaré

a 8 ans lorsqu’une

grenade lui éclate le

genou dans son pays alors

en guerre, le Rwanda. Orphelin,

il est envoyé en France grâce à

Médecins du Monde pour subir

une vingtaine d’opérations.

Aujourd’hui, à 30 ans, le

sprinter s’apprête à participer

à ses quatrièmes Jeux

paralympiques.

N° 29

MAI 2016

à la poursuite du bonheur

RENCONTRE AVEC DES CHAMPIONS

© Luc Percival