Revue Vallée de la Culture n°8 - page 34

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hauts-de-seine
Dossier
LES VESTIGES
DE L’EXPOSITION
UNIVERSELLE DE 1878
Sept ans seulement après « l’année terrible », Paris organise une
exposition universelle pour montrer au monde que le pays s’est relevé
et veut prendre toute sa place dans la course au progrès technique.
Si les palais du Champ-de-Mars et du Trocadéro ont tous deux disparu,
les Hauts-de-Seine abritent toujours plusieurs reliques
de cette renaissance.
Celle qu’on appela plus tard
« la plus discrète, la plus pru-
dente, la plus pondérée, la plus sage des expositions univer-
selles »
fut d'abord un geste politique et un pari un peu
fou. Sept ans avant, qui aurait pu dire en effet que le pays,
àmoitié occupé par l’Allemagne et en pleine guerre civile
entre « communards » et « versaillais », allait si vite se
relever et inviter le monde entier à sa table ? Le pari est
encore quelque peu risqué en 1875, lorsque le projet est
avalisé : on vient de créer à la sauvette une III
e
République
qui a toutes les allures du provisoire et la position des
républicains « opportunistes » qui tiennent le gouver-
nement semble des plus fragiles face aux monarchistes
et bonapartistes qui tiennent l’Élysée en la personne
Comme en 1867,
l’Exposition occupe
le Champ-de-Mars
où a été de
nouveau bâti un
immense palais
de fer et de verre
avec, en son
centre, le pavillon
de la Ville de Paris
et les galeries
des Beaux-Arts,
au nord les galeries
de l’industrie
française,
au sud les galeries
étrangères.
Mais l’Expo
déborde cette
fois sur la colline
en face
où est construit
pour l’occasion
le Palais du
Trocadéro
(qui sera détruit en
1935 pour laisser
la place au Palais
de Chaillot, clou de
l’Expo de 1937).
Bâtiments
aujoud’hui dans les
Hauts-de-Seine :
Hangar Y
Gare du Champ-
de-Mars
Pavillon jumeau
de la Suède et
de la Norvège
Pavillon
des Indes
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dumaréchal présidentMacMahon. L’affrontement final
a lieu en 1877 : le maréchal tente d’imposer un retour à
la monarchie mais les républicains remportent les
élections et le forcent à
« se soumettre ou se démettre »
.
L'ouverture de l’Exposition universelle le 1
er
mai 1878
arrive comme une consécration pour le camp républicain
qui affirme sa victoire aux yeux du monde entier, sa
capacité à l’étonner et à faire aumoins aussi bien que les
deux premières expositions organisées sous le Second
Empire, en 1855 et 1867.
Certes, tout n’est pas vraiment prêt :
« L’incomplet a
dépassé lamesure de l’indulgence la plus complaisante,
écrit
un chroniqueur du
Figaro. Rien n'estfini. Les clochetons du
Trocadéro n’ont pas de toiture, les ouvertures des fenêtres sont
béantes... »
Dans l’autre camp, Émile Zola ne s’attarde
pas sur ce genre de détails et souligne la portée politique
de l’événement :
« Je pense que la victoire définitive de la
république sur les partis conservateurs a beaucoup contribué
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