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Baptiste Greuze, caractéristiques des grâces du règne de
Louis XV. Le néoclassicisme, qui fleurit à partir de la fin
des années 1770, ne pouvait trouver de meilleur ambas-
sadeur que Jacques-Louis David lui-même, dont l’expo-
sition montrera deux grandes études –majeures – pour
son fameux
Serment des Horaces
, véritable manifeste du
mouvement. Derrière l’initiateur se rencontreront Pierre-
Narcisse Guérin, Jean-Auguste-Dominique Ingres ou
Anne-LouisGirodet-Trioson. Ce dernier fera la tran-sition
avec le romantisme dont Théodore Géricault sera, à
travers deux dessins, l’expression la plus forte. Un
Bajazet
du baron Gérard donnera à la collection une inflexion
orientaliste que prolongeront Eugène Delacroix – avec
un cavalier arabe couché sous sa monture –, Alexandre-
Gabriel Decamps, Georges Clairin ou Achille Devéria,
dont la sublime
Odalisque
sera l’une des révélations de
l’exposition.
Un certain éclectisme marque les productions de la
deuxième moitié du XIX
e
siècle, l’académisme de Jules-
ElieDelaunay ou les caprices à l’espagnole de Constantin
Guys s’opposant à deux marines d’Eugène Boudin dont
l’une, datée de 1885, accuse l’influence de ClaudeMonet
sur l’initiateur même de l’impressionnisme.
Italie, Flandres et Pays-Bas
Les maîtres maniéristes italiens, c’est-à-dire ceux qui,
durant le XVI
e
siècle, déconstruisirent le classicisme de
Raphaël au profit de licences esthétiques de toute sorte,
constituent l’un des fleurons de la collection : Giulio
Romano, Perino del Vaga, Nicoló dell’Abate, Giulio
Campi, Giovanni Battista Franco, Pellegrino Tibaldi ou
Taddeo Zuccaro surprennent par leur pénétrante imagi-
nation et leurs audaces graphiques. Trois dessins de
Parmesan seront le point d’orgue de cette sélection et il
n’estpas trop de dire qu’à lui seul,
LaGuérison desmalades
vaut de visiter l’exposition. D’autres artistes, de la seconde
moitié du siècle, calmeront cette exubérance et favori-
seront l’émergence d’un nouveau classicisme, la venue
du réalisme caravagesque ou la cristallisationdu baroque.
Ce seront Giovanni Battista Ricci, Andrea diMariotto del
Minga, GuglielmoCacchia, dit IlMoncalvo, ouGiuseppe
Cesari, dit le Cavalier d’Arpin, chez qui travailla un temps
le jeune Caravage. Deux très belles études du Guerchin,
et particulièrement sa
Vierge à l’Enfant
), consommeront
la rupture avec la Renaissance. Les XVII
e
et XVIII
e
siècles
italiens seront encore représentés par quelques feuilles
qui, de proche en proche, conduiront au syncrétisme
néoclassique de Pompeo Batoni.
Quant aux Écoles du Nord, elles trouveront en Pierre-
Paul Rubens et Rembrandt Harmensz van Rijn leur bel
accomplissement. Le grand baroque européen, véhiculé
par lemaître anversois, ne peut en effet êtremieux illustré
que par les
Deux prisonniers enchaînés
, variation sur une
composition romaine de Francesco Salviati. Il faudra
encore compter avec une feuille émouvante du jeune
AntoonvanDyck, élève deRubens, et une autre deBarend
Fabritius, disciple de Rembrandt ; avec des paysages de
Jan van Goyen ou de Willem van de Velde ; avec des
figures ou scènes populaires d’Isaac vanOstade, de Pieter
Bout ou d’Adriaen van de Velde, frère du précédent…
L’exposition se fermera sur deuxœuvres rares dumaître
du romantisme allemand, Caspar David Friedrich, dont
le
Paysage de montagne
constitue un hymne grandiose à
la nature.
De Rubens à Delacroix, 100 dessins du musée des Beaux-
Arts d’Angers
. Petit Château et Château du Domaine
départemental de Sceaux, 21 mars - 29 juin 2014.
domaine-de-sceaux.hauts-de-seine.net
Filippo Napoletano
(1587-1629),
Voilier
, plume
et lavis d’encre brune,
18 x 11,7 cm.
© Angers, musée des Beaux-Arts