© Département des Hauts-de Seine, Musée Albert-Kahn, collection Archives de la Planète
au cinéma. Les images sont utilisées par Jean
Brunhes lors de ses cours au Collège de France
dès janvier 1915, elles sont projetées à Boulogne
à partir du printemps.
»
Comprendre les conditions de la collecte
En 1915, l’armée passe convention avec les
maisons de photographies et d’actualité qui four-
nissent le personnel, le matériel et assurent la
diffusion des images. La convention est vite
dénoncée en raison de désaccords fréquents
entre les maisons de production privée et l’Armée
et cette dernière se dote rapidement d’un service
cinématographique puis d’un service photogra-
phique, qui fusionnent en 1917 sous le nom de
Service photographique et cinématographique de
l’Armée (SPCA). Cette année-là, la Section réalise
des campagnes de reportages dans les régions
dévastées, dans l’Aisne ou à Reims... «
Certaines
images figurent en double dans les Archives
de la Planète et dans les fonds de la SCPA, ce
qui implique que des prises de vue ont été réa-
lisées deux fois par le même opérateur. Il s’agit
aujourd’hui d’en savoir plus sur l’accord qui a été
conclu, d’essayer de voir quelles photographies
sont en double et pourquoi. Des questions restent
en suspens : l’analyse du stade de développement
et du montage des plaques autochromes montre
que certaines étaient en état d’être projetées,
d’autres non. Pourquoi ? Comment s’est opérée
la sélection ? Comment expliquer que des lots de
photographies en noir et blanc aient été fournis
par des opérateurs qui n’apparaissent qu’à cette
occasion ? Comment sont-elles arrivées là ?
»
Un écheveau à dénouer
Anne Sigaud poursuit ses investigations :
«
On trouve aussi mention du bureau d’études
d’Alsace Lorraine auquel a participé Georges
Chevalier, un service de propagande par l’image
destiné aux provinces à franciser en 1918. Albert
Kahn a soutenufinancièrement ce projet, il amis à
disposition locaux etmatériel.
» Après l’armistice,
certains opérateurs de la SCPA - Lucien Le Saint,
Frédéric Gadmer ou encore Fernand Cuville -
entrent aux Archives de la Planète. La SCPA
désormais sans objet, ses moyens réintègrent
le service photo des Beaux-arts. Là encore, des
archives existent en double : sur la Grèce ou
sur les musées. «
Le partenariat semble avoir
continué jusqu’en 1919 avec des opérateurs
en commun. Parallèlement, après-guerre, des
campagnes sont menées par Jean Brunhes et
Georges Chevalier dans les régions dévastées
et en Alsace-Lorraine, tandis que Frédéric Gad-
mer suit l’évolution de la reconstruction dans
l’Aisne. Autant de recoupements à opérer avec les
archives de la SCPA
. »
De nouvelles manières de percevoir le fonds
Selon Anne Sigaud, «
Jean Brunhes s’intéresse aux
ruines, aux voies de communication, à la manière
dont les batailles sont conduites en fonction de
la géographie alors que la SCPA réalise des repor-
tages photographiques guidés par la raison d’État.
Pour les films, les chercheurs ne disposent pas de
recensement de ce qui a été produit par Albert Kahn
ou acheté à la SCPA. Beaucoup de comparaisons
restentàfaire.À l’époque,tousutilisaient lesmêmes
images, les opérateurs d’Albert Kahn et de la SCPA
effectuaientparfoisdesprisesdevueslesunsàcôté
des autres mais les usages étaient-ils les mêmes ?
Comment étaient faits les montages ?
» Autant de
pistesàexplorerdans lesannéesàvenir.
albert-kahn.hauts-de-seine.net
exposition
10
Albert-Kahn, musée et jardin départementaux
plande
bataille
En 2015, un siteweb dédiémontrera
l’évolution de la recherche
et une exposition
virtuelle sur les vues des ruines est annoncée
pour l’année suivante. D’ici-là, les chercheurs
vont poursuivre l’état des lieux, décrire le fonds,
la chronologie, recenser les documentations,
les archives, les services, dégager les grandes
problématiques. Des axes de travail sont déjà
engagés : Jean Brunhes, lemarché - le coût de la
photographie, les procédures d’achat, les arran-
gements financiers – ou encore la production
cinématographique…
ànoter
Évaluer le projet d’Albert Kahn,
le réinscrire dans l’histoire des idées et
dans la production scientifique
de l’époque, lemettre en perspective
dans lemonde contemporain,
montrer le lien
entre les collections, images et jardins…
Voici les principaux objectifs du futur parcours
de référence dumusée à découvrir en 2017,
à l’issue des travaux de rénovation du site.
Petite Rémoise, Reims, autochrome, Fernand Cuville-section photographique et cinématographique de l’armée, 1917,