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sceaux
Événement
originel du bâtiment. Ainsi la toiture, dans un état conve-
nable, n’a pas été touchée, mais les lucarnes ont été
rééquipées de fenêtres à petit-bois ; les sculptures des
frontons ont été entièrement restaurées ; les parements
de pierre, sur les quatre façades, ont été repris ou changés
lorsqu’ils étaient épaufrés ou se désagrégeaient ; L’entou-
rage (moderne) de pavés à joints de ciment, qui générait
des accumulations d’eau favorisant les infiltrations dans
les murs, a été remplacé par un lit de gravier.
Sculptures et lambris
À l’intérieur, les tirants – qui, après analyse du métal, se
sont révélés très anciens (sans doute posés très tôt du
fait d’un écartement précoce des murs) – ont été laissés,
demanière àne pas créer dedéséquilibres et denouveaux
désordres ; l’ancienne voûte, de gros crépis acoustique
empoussiéré, a été changée au profit d’un enduit de
dernière génération, aussi discret qu’efficace ; la belle
corniche sculptée, dont les rinceaux et les mascarons
étaient englués dans la superpositiondeplusieurs couches
de peintures, a été dégagée et a ainsi retrouvé l’acuité
première de ses reliefs. L’opération sans doute la plus
spe aculaire a été la réintrodu ion d’un lambris bas
redonnant une incontestable majesté à l’élévation
intérieure. Ce lambris figure en effet sur les dessins issus
du bureau d’Hardouin-Mansart, aujourd’hui conservés
auNationalmuseumde Stockholm, et lemodèle originel
a pu en être ainsi repris. Enfin, une série de onze lustres
en bronze dorés et de douze grandes appliques, de style
Louis-XIV, viendront prochainement restituer l’atmo-
sphère festive qui, autrefois, régnait avec éclat dans cet
espace voué au luxe.
n
j
ean-BaptisteColbert aménagea une
première orangerie dans l’aile gauche du château qu’il fit
construire à Sceaux entre 1670 et 1672. Devenue insuffi-
sante à l’extension de son domaine, le marquis de
Seignelay, fils et héritier du grand ministre, demanda à
Jules Hardouin-Mansart de bâtir un nouvel édifice, en
1686, au sudde l’entrée d’honneur. Large de dixmètres et
longue de soixante (après la destru ion du vestibule et
de deux travées par unobus prussien en 1871, la galerie ne
mesure plus aujourd’hui qu’une cinquantaine demètres),
sans comprendre les deuxgrands vestibules qui enmagni-
fiaient les accès, la nef s’étendait d’est en ouest et offrait
son long côté sud, percé de onze baies, à la course quoti-
dienne du soleil. Côté nord, trois portes seulement
ouvraient sur la partie centrale du mur, tandis que des
miroirs, reflétant le côté opposé, suggéraient une possible
symétrique.
Une galerie d’art et de réception
Le bâtiment était d’une telle élégance que Seignelay se
refusa à l’utiliser pour ce qu’il devait être : il laissa les
orangers dans le château et fit de l’ouvrage une galerie
d’art et de réception. Après lui, le duc et la duchesse du
Maine firent de même, dans un premier temps, et ce ne
fut qu’à partir des années 1730 que les orangers y furent
abrités. L’orangerie suivit alors l’histoire de l’ensemble du
domaine et en partagea les heures sombres et les années
d’abandon.
La campagne de restauration qui vient de s’achever a
permis de reprendre l’ensemble des interventions précé-
dentes, plus oumoins heureuses, et de les harmoniser en
cherchant à se rapprocher autant qu’il sepouvait de l’aspe
Orangerie
belle…cOMMe une
Par Dominique Brême
Directeur du Domaine départemental de Sceaux
L’Orangerie fut construite en 1686. Son commanditaire est Jean-Baptiste Colbert,
son architecte, Jules Hardouin-Mansart. Elle vient d’être restaurée et cet été elle
accueillera le festival demusique classique de… l’Orangerie.
L'Orangerie est ouverte
à la visite uniquement sur
demande et lors de certains
événements. Il est possible
de privatiser ce lieu.
domaine-de-sceaux.
hauts-de-seine.net
Tél. 01 41 87 29 50
Soir de printemps,
le jour de sa réouverture.
Mansart veille
sur son œuvre…