14
sceaux
Événement
despOrtes
Visite à
Depuis le 20mars dernier, les visiteurs se succèdent au Petit-Château
pour y découvrir – avec étonnement, pour beaucoup – la fraîcheur,
la spontanéité et lamodernité du plus grand peintre animalier du règne
de Louis XIV, François Desportes.
Par Dominique Brême
Directeur du Domaine départemental de Sceaux
l’année même de la prise de pouvoir d’un roi soudain
devenu Soleil, ce fils de laboureur ardennais, envoyé tôt
àParis, aurait dû, enembrassant lemétier depeintre, nous
apparaître assommant de conventions et confit d’acadé-
misme. Il est vrai que l’époque était à l’art sérieux et
théorisé, ce que nous traduisons trop souvent et trop vite,
aujourd’hui, par ennuyeux et sclérosé. Le grief pourrait
éventuellement valoir – mais, pour notre part, nous ne
le retiendrons pas – pour Simon Vouet, Nicolas Poussin
ouCharles LeBrun, les trois plus grands peintres d’histoire
duXVII
e
siècle,mais il ne saurait être retenu de bonne foi
contre Desportes. Celui-ci aborde en effet la nature avec
un regard simple qui, servi par une fa ure très sobre,
révèle un tempérament modeste et sincère.
u
ne soixantaine de dessins et
esquisses à l’huilepréparent tous les éléments de la chaîne
iconographique à partir de laquelle l’artiste réalisait ses
très fameux tableaux de chasse et ses natures mortes,
aujourd’hui très recherchés des amateurs. Pochades de
paysages d’Île-de-France, études attentives de plantes, de
fleurs ou de fruits, d’animaux domestiques ou d’animaux
sauvages, d’animaux exotiques venus de pays inconnus,
de pièces d’orfèvrerie et de buffets dressés, tout témoigne,
dans cette patiente enquête menée par un peintre, du
chemin parcouru de l’état de nature à celui d’honnête
homme.
Desportes estde ces artistes qui font bouger les lignes de
l’imaginaire et contrarient nos préjugés. Né en 1661,
© CD92/Vincent Lefebvre
>
Cacatoès perché,
vers 1692-1700.
Huile sur papier,
collé sur carton,
collé sur bois,
21 x 41 cm.
Sèvres, Cité de
la Céramique.