L'Abeille numéro 23 - page 44

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N° 23
MAI 2014
PSYCHO
d’adolescence :
LA CRISE
UN PASSAGE OBLIGÉ?
Les adultes en font tout un plat. Mais la crise
d’adolescence est-elle si terrible ?
Et doit-on forcément en passer par là?
« Tu es vraiment impossible
en ce moment ! Mais c’est normal,
tu es en train de faire ta crise
d’adolescence… »
Céline, 12 ans,
n’en peut plus d’entendre ses parents
lui parler de
« crise d’adolescence »
à tout bout de champ. Ça l’énerve
beaucoup et le D
r
Vanessa Girard,
pédopsychiatre, comprend pourquoi.
« Elle a l’impression de ne pas être
écoutée en tant qu’individu. »
D’autant que le mot « crise » résonne
négativement à ses oreilles.
Mais pourquoi parler de « crise » ?
On a parfois tendance à l’oublier,
nous rappelle le D
r
Girard, mais
l’adolescence est un concept très
occidental. Dans de nombreuses
sociétés, cette notion n’existe pas :
l’enfant passe directement au statut
d’adulte, sans stade intermédiaire.
Aussi, cette fameuse crise ne
serait-elle finalement qu’un mythe ?
LA PUBERTÉ, UNE ÉTAPE
INCONTOURNABLE
Dans toutes les sociétés,
l’adolescence est marquée par une
série de manifestations bien
caractéristiques à cet âge, que l’on
appelle la puberté. C’est le moment
« le corps se transforme, devient
celui d’un adulte »,
poursuit le
D
r
Girard. Les repères changent.
L’adolescent ne se sent plus tout à
fait un enfant, pas encore un adulte.
Il ne se reconnaît pas totalement
dans son nouveau corps, le regard
des autres n’est plus le même,
il ne comprend pas toujours ce qui
se passe en lui.
« C’est un moment
existentiel,
insiste le D
r
Girard.
On sort du cocon de l’enfance.
On veut s’affirmer en tant qu’individu.
Ça peut être long et douloureux,
marqué par des conflits avec ses
parents – c’est pour cela que l’on
parle alors de crise – ou au contraire
assez fluide et naturel. »
En définitive,
aucun adolescent ne va réagir
de la même façon, y compris au sein
d’une même famille. Certains
ne traverseront aucune « crise »,
d’autres connaissent une période
de mal-être qui s’installe pendant
plusieurs années… Mais que Céline
se rassure : même si elle traverse
bien une crise d’adolescence,
cela ne veut pas dire qu’elle sera plus
tard une adulte moins ou plus
équilibrée que d’autres. Là encore,
pas de règle ! Et contrairement
à ce que l’on entend parfois,
ne pas faire de crise d’adolescence
ne signifie pas que plus tard,
à l’âge adulte, on sera rattrapé par
une quelconque crise existentielle.
À chacun son chemin !
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