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Le bleu du ciel
On évoque souvent une sorte de tropisme qui pousse les
humains à s’établir à l’Ouest de quelque chose, voire au
Far West de quelque chose. Ce déterminisme ne nous
semble pas s’appuyer sur le moindre argument concret
et nous le renverrons donc aumusée du folklore de l’urba-
nisme. Plus sérieuse nous semble la raison de construire
les villes à la campagne, ce que traduisent par exemple
les jeunes couples qui viennent d’avoir un enfant et qui
lui souhaitent un cadre convenable pour son éducation.
Le territoire des Hauts-de-Seine est en effet composé
pour un tiers de forêts, proportionnonnégligeable, lieux
que l’on ne fréquente pas tous les jours, mais que l’on
apprécie d’avoir à côté de chez soi. Il en va demême,mais
cette fois auquotidien, avec tout ce qui, vues, perspectives,
cadrages, découpages dans le bâti, ouvre sur des lointains.
Cette expérience est permanente, ne nécessite aucune
compétence, aucun avantage de l’âge ou de la fortune.
C’est parfois ce que l’on appelle « l’ambiance », ou
« l’atmosphère ».
« Qu’est-ce qui fait que le département
dégage un pouvoir d’attraction,
difficilement explicable de façon
cartésienne ? »
Les usines reconverties en
logements, telle que la
Manufacture des tabacs à Issy-
les-Moulineaux
, construite en
1900-1904 et reconvertie en
1986 (François Ceria et Alain
Coupel architectes), font
aujourd’hui partie du paysage
des villes, alors qu’il fut un temps
pas si lointain où l’on ne se posait
même pas la question d’un
changement d’usage possible.
La manufacture est labellisée
Patrimoine du XX
e
siècle et a été
inscrite à l’Inventaire supplé-
mentaire des Monuments
historiques en 1984.
L’immeuble Havas à Neuilly-sur-
Seine
met en scène sa propre
structure. Il est imprégné du
style high tech qui, avec le centre
Pompidou comme témoin majeur,
marquera l’architecture des
années 1970 (Bâtiment d’origine,
1972, Andrault et Parat
architectes. Réhabilitation, 201,
Petraccone et Vodar architectes).
Mais cet immeuble de verre
sanglé de profils en acier corten
est aussi remarquable par son
insertion dans le front urbain
continu de l’avenue du Général-
de-Gaulle où sa différence
semble avoir toujours existé.
La maison d’église Notre-Dame de Pentecôte
(2001), au beau milieu des tours de La Défense,
est, au-delà de sa fonction sacrée, un petit bijou
signé Frank Hammoutène et un havre de paix. Un
bijou, car sa chapelle convoque au recueillement
avec des moyens minimaux ; un havre de paix, car
elle n’est en retrait du flux principal de la dalle de
La Défense que de quelques mètres.
À SAVOIR
PETIT WHO’S WHO
DES ARCHITECTES
Avant la création du département :
Le Corbusier, Georges-Henri Pingusson,
André Lurçat, Tony Garnier, Pierre Patout,
les frères Niermans ou les frères Perret…
Après la création :
André Wogenscky,
André Bloc, Jean de Mailly, Robert
Camelot, Jean Prouvé, Bernard Zehrfuss,
Skidmore, Owings et Merrill, Fernand
Pouillon, Jean Nouvel, Christian de
Portzamparc, Rem Koolhaas, Philippe
Starck, Renzo Piano… Parmi eux :
quatre
prix Pritzker
, l’équivalent du prix Nobel
pour un architecte, qui ont construit dans
les Hauts-de-Seine. Et tout récemment un
cinquième : Shigeru Ban, architecte de la
future Cité musicale départementale.
© CG92/Willy Labre
© CG92/Jean-Luc Dolmaire
© « Michel Andrault et Pierre Parat. DAU. SIAF/Cité de
l'architecture et du patrimoine/Archives d'architecture
du XX
e
siècle. Cliché Augustin Dumage»