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NOIR
blANC
élOgEdE lA luMIèRE
Avec pour étendard
« Noir - Blanc, un duel
éternel »
, la <<
e
édition de la Biennale d’Issy
a investi cet automne leMusée français de
la carte à Jouer et laMédiathèque. Parmi
@A plasticiens, six artistes coréens ont
marqué de leur présence l’hommage à
l’année croisée France-Corée. Rencontre
avec desœuvres souvent remarquables.
Mapplethorpe, les artistes se sont servis de tous les
médiums pour mettre le noir et le blanc en tension ou
pour les unir dans les variations intimes du clair-obscur
par des camaïeux de gris, à la manière d’un Giotto, l’un
des premiers à créer des « grisailles » dans ses fresques.
C’est ainsi qu’à travers les siècles, la dialectique du noir
et dublanc dans les arts plastiques n’a cessé de faire l’éloge
de la lumière.
« Le noir donne une grande lumière »
, faisait
remarquerTal Coat. Et le blanc des aquarelles deCézanne
est devenu synonyme de respiration, aussi essentiel à
l’art pictural que le silence l’est à la musique.
Puissantes, les valeurs dunoir et dublanc se sont chargées
de symboles parfois contradictoires. Selon les cultures,
les hommes ont habillé la mort de noir, synonyme de
ténèbres, ou de blanc, synonyme de pureté.
Ensemble noir et blanc nous livrent espace et temps,
rythme et lumière, chacun étant complément et révé-
lateur de l’autre.
Anne Brandebourg
Historienne de l’art
C
’est l’esprit d’un
sijo
du poète
coréen Yi Chik (XIV
e
-XV
e
siècles),
les corbeaux en colère
seront jaloux de la blanche couleur
, qui a insufflé à la
Biennale d’Issy sa thématique Noir-Blanc. Chantal
Mennesson, présidente de la Biennale, a rappelé que
dans l’Histoire de l’Art
« le noir et le blanc ont l’un comme
l’autre leurs défenseurs. Ainsi Zurbaran, Velasquez, Manet,
Soulages…nous ont appris à aimer leurs noirs. Rembrandt,
Frans Hals... ont su mettre des blancs fulgurants dans les
dentelles de leurs portraits, sans oublier le blanc suprême de
Malevitch ou les blancs de Ryman »
.
Noir et blanc ne sont définitivement pas des couleurs
(bien que le blanc soit la somme de toutes les couleurs)
mais des valeurs, aussi indissociables que le yin et le yang.
Au commencement du monde, blanc et noir ont partie
liée à l’art de la calligraphie qui les fait intimement danser
sur la toile ou le papier. Des dessins de Dürer aux pein-
tures deGoya, des gravures de Rouault aux sculptures de
Rodin, des carrelages de Raynaud aux photographies de
Réalisée en NLMM,
année de l’attentat
contre les Twin Towers,
la sculpture du
Cloud
d’Axel Cassel
est une
métaphore poétique de
la disparition, ancrée
dans la réalité de deux
verticales noires.
Axel Cassel,
Cloud
, =;<<,
bronze, <=A x C; x >@ cm.
À droite :
Lee Bae,
Sans titre
, =;<@,
pigment de charbon et
medium acrylique sur
toile, <A= x <>; cm.
© Lee Bae