LES CLEFS DE L’ACTU
HARCÈLEMENT SCOLAIRE,
Entretien avec Philippe Lods, proviseur
Vie scolaire à la Direction des services
départementaux de l’Éducation nationale.
P. 30
N° 26
JUIN 2015
Le harcèlement n’est
pas une fatalité, on peut
en sortir en parlant.
PARLONS-EN
QU’EST-CE QUI EST FAIT DANS
LES HAUTS-DE-SEINE POUR
LUTTER CONTRE LE
HARCÈLEMENT SCOLAIRE?
Ce phénomène était méconnu encore
récemment en France, c’est pourquoi
nous avons commencé par
sensibiliser tous les professionnels
dans les collèges : les enseignants,
les chefs d’établissement, les
conseillers principaux d’éducation
(CPE), les infirmiers, les assistantes
sociales, les médecins scolaires.
Ensuite, nous avons choisi
17 établissements dans lesquels
nous avons mis en place une
formation innovante. Elle est
dispensée par le professeur
de philosophie Jean-Pierre Bellon,
le premier à introduire en France
la méthode Pikas.
EN QUOI CONSISTE CETTE
MÉTHODE?
Elle consiste en plusieurs entretiens
menés avec les acteurs d’un
harcèlement. D’un côté, on va discuter
avec l’élève harceleur, et faire émerger
en lui un sentiment d’empathie à
l’égard de l’élève harcelé. L’idée n’est
pas de le sanctionner, d’autant plus
qu’il est souvent dans un mal-être
profond, mais de lui faire prendre
conscience de ses actes, de l’amener
à les arrêter, à présenter ses excuses
à sa victime. De l’autre côté, on va
discuter avec l’élève harcelé et l’aider
à retrouver la confiance et l’estime de
soi. Nous expérimentons avec succès
cette méthode dans un petit nombre
d’établissements, avec l’objectif de
la généraliser dans tous nos collèges
d’ici à 2017.
QUELS CONSEILS
POUVEZ-VOUS DONNER
AUX ÉLÈVES HARCELÉS?
Ils doivent absolument parler !
Et se confier à un adulte auquel ils
font confiance – leurs parents, un
enseignant, l’infirmière, l’assistante
sociale… S’ils n’arrivent à faire
confiance à personne, ils peuvent
appeler le numéro vert, mis en place
pour les situations de harcèlement,
le
0 808 80 70 10.
Le harcèlement
n’est pas une fatalité, on peut y
mettre un terme en parlant.