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ce miracle fragile de la voix, qui était devenu un souci quotidien : « Comme une athlète de haut niveau, on est à la merci du moindre coup de froid, de la moindre fatigue, de la moindre contrariété même… C’est horrible, il faut toujours être au top de sa forme pour exécuter le geste athlétique le plus parfaitement possible, c’est une pression énorme, et j’ai beaucoup demal avec ça. » Natalie Dessay enchaîne dorénavant les pièces avec la gourmandise d’une comédienne qui n’attendait que ça : Und , de Howard Barker, Certaines n’avaient pas vu la mer , d’après Julie Otsuka au Festival d’Avignon l’an passé, et récemment La Légende d’une vie , de Stefan Zweig. «Mais j’aimerais faire une comédie ; un jour, je jouerai du Feydeau! » La musicienne, elle, n’a jamais cessé de chanter, et c’est autour de sa voix – de ses voix – que s’est dessinée cette Seine Libre, à la façon d’un joli portrait de l’artiste qu’elle est maintenant : « Quand on me donne carte blanche, je commence à paniquer…Et puis, j’ai réfléchi à ce que j’aimais, à ce que je voudrais faire partager. Il y aura tout ce que j’aime aujourd’hui, la chanson française, la chanson américaine, le lied et la mélodie classique, le cirque et le jazz ! » Avec la présence émouvante et bienveillantedeMichel Legrand, avec qui elle a beaucoup travaillé, une rencontre pour « le bon plaisir de deux grands enfants ». Dans la loge, maquilleuse et coiffeur peaufinent son apparence, très années cinquante, avant le premier concert de la série en compagnie du big band de Fred Manoukian. « Les yeux, c’est le premier truc que les gens voient, même de loin. » La métamorphose de la voix, elle, est une recherche, une volonté, un désir : « Chanter de la chanson, ce n’est pas du tout la même chose que chanter de l’opéra! Il fautrepenser toute la technique, apprivoiser lemicro, être beaucoup plus dans le texte. C’est compliqué pour un chanteur lyrique. Je commence seulement à trouver ma voix “naturelle”, à savoir l’utiliser. Sans pour autant perdre l’autre, mais ce sont deux voix qui n’ont rien à voir. » Celle de la soprano classique revenait au premier plan en mai dans un programme inédit, Cœurs amoureux et âmes solitaires : Schubert,Wolff,mélodies françaises etespagnoles, avec la complicité du pianiste Philippe Cassard. Un ami avec qui elle a donné plus de soixante récitals et qui partage avec elle le goût du cirque et celui de…Colombo! « On adore, nous avons chacun toute la collection. J’aime profondémentles acteurs, et on ne peut être que séduit par le personnage que Peter Falk a inventé. Je les regarde bien sûr enVO, mais recon- naissons que laVF était très bien faite. Comme celle d’ Amica- lement vôtre, parce que Michel Roux était un immense doubleur. L’art de l’acteur passe évidemment par la voix. » La rencontre de Natalie Dessay et de Michel Legrand fut celle du bon plaisir de deux grands enfants. © CD92 / Olivier Ravoire BOULOGNE- BILLANCOURT Musique
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