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NATALIE DESSAY EN SEINE LIBRE Vienne, les gens arrêtaient dans la rue laplus célèbredes sopranos françaisespour lui faire signer des autographes. Avec sa voix de colorature – laplushaute, aux aigus cristallins, laplusdélicateaussi – NatalieDessayétaitune star de l’opéra,maispas toutà fait une diva, sans doute parce que le domaine n’était pas le «premier choix»d’uneartistequi adécouvertleclassique par ladanse et qui a toujours préféré incarner des person- nages que virevolter entre les contre-ut. Comment un domaine aussi codé que l’opéra peut-il entraîner autant de passion chez les fans qui n’ont parfois rienà envier aux groupies rock’n’roll? « Je ne me l’explique pas vraiment, je n’ai jamais été fascinée à ce point par l’opéra,même si je trouve que c’est un spectacle magnifique quand il est réussi, magni- fique parce que total. Dans mon répertoire extrêmement codifié, j’ai apporté de la vie, parce que ce qui m’intéressait c’était de jouer! Que chaque colorature, chaque vocalise soit théâtrale, et pas seulement une virtuosité sonore. » En 2013, Natalie Dessay décide de quitter les scènes lyriques qui désormais lui retiraient plus qu’elles ne lui apportaient. Samémoire retientmoins des rôles que des productions marquantes et leurs metteurs en scène : Laurent Pelly, Robert Carsen, Jean-François Sivadier. Elle déclarait même un jour admirer Krzysztof Warlikowski parce qu’il tient les chanteurs et les empêche de faire n’importe quoi… Alors que certains de ses confrères se plaignent de la toute-puissance des metteurs en scène. « Oui, parce qu’ils sont là pour chanter! Le chant n’est pour moi qu’un moyen, pas une fin. Et cela modifie toute la perspective. D’ailleurs, pourmon type de voix, les rôles à l’opéra étaient toujours lesmêmes : la jeune première essentiellement, la soubrette parfois, occasionnellement et rarement la courtisane, ça s’arrête là! Or arrivée à 50 ans, je ne me voyais pas jouer Juliette jusqu’à ce quemort s’ensuive…Le ridicule ne tue pas, mais quandmême…Ce qui me plaît au théâtre, c’est qu’il y a des rôles pour des femmes demon âge. » Et puis il y a à Natalie Dessay dans l’auditorium de La Seine Musicale, quelques jours avant sa première « Seine Libre ». La chanteuse est la première invitée du programme Seine Libre proposé par La SeineMusicale : une série de soirées conçue comme une carte blanche offerte aux artistes afin qu’ils y dessinent leur propre portrait en toute liberté. 9
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