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Chef d’œuvre de Tony Garnier, le très lumineux hall des guichets avec ses 3 rangs de galeries et sa verrière est l’idée d’origine de l’équipe d’André Morizet qui s’inspire d’un exemple bruxellois visité en 1925 et veut rendre les services rapidement accessibles à la population et surtout transparents. Qualifié de « cathédrale » ou d’« usine municipale », c’est en tout cas une réalisation unique qui impressionna beaucoup les contemporains. Ce sont les ateliers Prouvé qui réaliseront les banques d’accueil et les garde-corps . Pour l’intérieur de l’hôtel de ville, les mots d’ordre de Morizet sont économie et simplicité : peu de décorations et un mobilier presque uniforme. Le décorateur-ensemblier Maurice Lombart (conseillé par Mallet-Stevens) se charge des bureaux de l’état-major municipal où ce sont les fauteuils qui font la différence : bois teinté et simili-cuir havane pour le maire et le secrétaire général, tube chromé pour les autres. Sur un terrain donné par la mairie, l’hôtel des Postes est construit par Charles Giroux (Lyonnais recommandé par Tony Garnier) de 1936 à 1938 pour abriter le nouveau central téléphonique Molitor au premier étage. Au dessus, un détail de la ferronnerie de son portail. 107 Quand les principaux chantiers urgents (logement social, services sociaux, écoles…) furent lancés et l’équipemuni- cipale réélue en 1925, arriva le temps du grand chantier fédérateur, celui d’une nouvelle mairie apte à gérer une communequiétaitpasséede40 000à75 000habitantsen moins de trois décennies. Une délégation d’élus alla d’abordvisiter les cités socialistes belges l’été 1925 et revint très frappée par le très flamboyant mais très fonctionnel hôtel communal de Schaerbeek, dans la banlieue nordde Bruxelles, où un « grand hall d’allure monumentale » réunissait demanière jamais vue ailleurs « tous les services à guichet » . Morizet, qui avait son idée derrière la tête, envoya à l’automne une autre délégation à Lyon voir les « chosesmagnifiques» réaliséesparl’architecteTonyGarnier pourlamunicipalitéd’ÉdouardHerriot.Conquis,leconseil municipal chargea en décembre le Lyonnais de concevoir le nouvel hôtel de ville avec pour seul impératif de s’ins- pirer du grand hall de Schaerbeek. Dès juin, Tony Garnier eut son idée : deux blocs contigus mais traités différem- ment, l’un (« l’usine ») autour du hall des guichets, l’autre (« le palais ») pour les salles de réunionet dedirection. Mais l’exiguïté de la parcelle (on pensait alors construire l’édifice à la place de l’ancienne mairie entre la rue de Châteaudun et le cours de la Reine) et le fait que le projet l’intéressait « infiniment » firent hésiter l’architecte qui entassa « études sur études » et envoya jusqu’à onze variantes àMorizet qui siffla finalement la fin de la partie après les électionsmunicipalesde1929oùsonéquipeavait étédenouveau réélue : leprojet (amputéd’ungigantesque beffroi)futadoptéen1930etlechantierputcommenceren 1931mais avecunpeuplus d’air grâce àunchangement de site à la dernière minute. « L’étude attentive de la photogra- phie aérienne » de la ville avait tout à coup convaincu Morizet de profiter du chantier pour faire avancer son

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