L'abeille n°38

Gilles Barraband, pédopsychiatre et psychanalyste, est secrétaire général de la Maison des adolescents des Hauts-de-Seine. © AdobeStock n théorie, ces deux semaines de colonie dans un centre équestre font très envie. Les chevaux, les balades dans la nature, les veillées… Mais en pratique, on pense à la valise à gérer, à tous ces inconnus à découvrir… « Au secours ! Papa, maman ! Cet été, je reste avec vous ! ». « C’est tout à fait compréhensible d’avoir des craintes avant de partir, cette peur de “ne pas y arriver” , explique Gilles Barraband, pédopsychiatre et psychanalyste. Même si le plus souvent, une fois sur place, on découvre que, oui, on peut supporter la séparation et qu’on se débrouille. On ressort grandi de cette expérience ». Le spécialiste poursuit : « Quand on est tout petit, la sécurité que l’on ressent vient des personnes qui nous entourent. Une fois adolescent, ce sentiment de sécurité est à l’intérieur de nous. On a été assez rassuré enfant pour maintenant faire seul ». Si on part chez les grands-parents ou dans la famille, le saut à faire est moins grand et pourtant pas moins intéressant. « Chez les grands-parents, on découvre une autre façon de faire. Les grands-parents ne sont pas une copie de nos parents », souligne Gilles Barraband. E 40 — 3 E TRIMESTRE 2018-2019 million d’enfants partent en colonie chaque année (contre plus de 3 millions dans les années 1960). Questions Réponses 1,3 Environ Alexis, 13 ans « Mes parents me font partir en colonie avec mon frère, plus jeune. J’aimerais partir sans lui pour vivre quelque chose “à moi” mais mes parents disent que mon frère est trop timide pour partir seul. J’ai peur de passer pour un égoïste. » Tu aurais pourtant raison d’exprimer ton souhait. On pourrait même parler d’un égoïsme « salutaire » : en faisant partir ton jeune frère avec son « gardien », tes parents ne l’aident pas à se défaire de sa grande timidité. Et c’est tout à fait légitime de revendiquer de ne pas être qu’un grand frère protecteur et d’avoir tes propres envies. Aurélie, 14 ans « Je pars chaque été en camp, un mois, où on enchaîne les activités. Moi, ce que j’aimerais, c’est… ne rien faire! Mes parents veulent absolument que je sois occupée. Comment négocier? » Difficile de parler à tes parents de ne « rien faire » quand eux veulent que tu sois « occupée ». Il faut que tu creuses ce que tu entends par ne « rien faire » – Avoir du temps pour toi? Rêver? Écrire? Te balader?… –, et ainsi arriver à leur faire des propositions. Tu peux leur glisser au passage que « vacances » vient du mot latin vacans , soit être libre, inoccupé!

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