Revue Vallée de la Culture n°8 - page 99

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leader Marinetti et ses amis peintres : Balla, Carrà ou
Russolo, ensuite par les dadaïstes, puis les situationnistes
installant leur concept de « dérive ». Le tableau est sorti
dans la rue, pourrait-on dire ! Ainsi les expériences des
artistes du land art et de l’
in-situ
ont montré comment
on pouvait investir le paysage, sculpter l’espace avec des
œuvres. La ville contemporaine
« connaît une croissance
intense et un brassage perpétuel de populations et d’énergies »
,
écrit PaulArdenne. Car la ville estpropice, par ses « vides »
recyclables, – un concept développé par Christian de
Portzamparc (
l’Îlot ouvert
), –à la créationplastique urbaine
tout azimut. Aujourd’hui, la ville du XXI
e
siècle s’étend
considérablement. Presque à l’infini ! C’est la conception
« rhizomatique » (Deleuze) de lamétropole où les terri-
toires se relient entre eux (Portzamparc encore, au sujet
du Grand Paris), une idée qui fait son chemin.
Les artistes auront de quoi « habiter » et embellir par
leurs créations ces nouveaux territoires ramifiés qui
grignoteront les campagnes, les forêts, les rivières, etc.
Les architectes et les urbanistes devront intégrer plus
amplement à leurs plans ce paramètre indispensable. Il
surgira, peut-être par la même occasion, de nouveaux
grands jardiniers tel qu’André LeNôtre dont on a célébré
l’anniversaire (1613-1700).
« Quand l’art prend la ville ». Defacto la gallery – La
Défense. Jusqu’au 30 janvier 2014. À côté de la station
"Esplanade de La Défense"( Métro ligne 1). Ouverture
dumardi au vendredi de 13h à 19h, samedi de 12h à 17h.
Entrée libre.
c
ette exposition dont le commis-
saire est Paul Ardenne, l’historien d’art contemporain,
consiste à montrer les liens qu’entretiennent et tissent
les artistes avec les villes dans lemonde. Il s’agit pour eux
de les traduire dans leur travail à partir de leur vision
sociologique. Paul Virilio disait que
« la ville est un terri-
toire et, le territoire est lié aux technologies qui permettent
de le parcourir et de le contrôler. Un territoire est avant tout
un espace-temps constitué par les techniques de déplacement
et par les techniques de communication »
.
Dans cet ensemble photographique et vidéo réuni ici, on
perçoit des investigations, des signes, des parcours, et
des appropriations réalisées, par exemple, notamment
par legroupeL’Atlas, ou l’artiste, PatrickMimran (12artistes
conviés pour ce thème). Ce dernier se définit comme une
sorte de « street activist », soit quelqu’un qui s’empare
des lieux pour les marquer de son geste, et des textes
inclus dans ses photos, tels des slogans publicitaires ou
signalétiques – à la manière d’un Lawrence Wiener,
l’artiste conceptuel américain, pionnier de cette forme
d’interactivité visuelle et langagière.
Quand le tableau sort dans la rue
Ce sont les architectes, du début duXX
e
siècle et plus tard,
qui ont initié lamanière de renouveler le regard urbain,
d’intégrer aux sites des créations artistiques et pérennes.
Au début duXX
e
, les futuristes italiens ont glorifié la ville
moderne, la vitesse, la réalité violente comme nouvelle
poésie, en réaction au XIX
e
siècle, conduit par l’écrivain-
© Jules L’Atlas
Jules L’Atlas,
Beaubourg,
2008, Paris.
Studio 21 Bis,
Nage en eaux
troubles
, 2012,
Nanterre.
Adhésif, métal.
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